Violence +++
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ALPHA DOG

Nick Cassavetes (USA 2006 - distributeur : Paradiso Filmed Entertainment)

Justin Timberlake, Emile Hirsch, Ben Foster, Bruce Willis, Sharon Stone

117 min.
25 avril 2007
ALPHA DOG

Quelle mouche a donc piqué Nick Cassavetes de se lancer dans cette histoire, inspirée d’un fait divers (*), mais à laquelle il a donné les couleurs grivoises et agressives qui flattent les clichés les plus répandus sur la jeunesse californienne ?

Sexe, drogue, irresponsabilité, goût pour l’argent facile, démission parentale, absence de repères, homophobie, délinquance, addiction aux jeux vidéo sont au rendez-vous de ce tableau d’une certaine Amérique à laquelle on ne parvient pas à s’intéresser.

Aveuglés que nous sommes par l’indécent soleil qui inonde toutes les scènes, par les reflets hockneyens des piscines qui sont de presque toutes les séquences et par les envahissants tatouages qui balafrent le corps des personnages à rendre jaloux le héros de la série télévisée « Prison Break ». Et encore, dans ce feuilleton, avoir le corps couvert d’inscriptions a un sens….

Assourdis par une enfilade de « Fuck » et de grossièretés de tous genres, on sort KO de cette vision, lessivés par cette histoire d’une petite bande de dealers qui, pour le contraindre à acquitter sa dette, kidnappe le petit frère d’un débiteur défaillant.

Jusqu’à présent Nick Cassavetes nous avait noyés sous la larmoyance de mélos de qualité très ("The notebook") à très très ("John Q.") moyenne. Aujourd’hui il redresse la barre du nunuche au profit d’un film mode et hip-hop qui voudrait donner à réfléchir sur les défonces faciles et les dérives des gosses de riches et qui ne parvient qu’à irriter ou écœurer.

« Alpha dog » a l’ambition de se présenter comme un film réaliste - un docudrame selon la classification générique prisée aux Etats-Unis - , mais son montage paroxystique, sa présentation licencieuse des relations filles/garçons, et sa brochette d’acteurs « in » cornaqués par un Justin Timberlake au look hyper cliché, en font plutôt un portrait de groupe qui sélectionne, avec une systématique complaisance, des points de vue pour assurer à cette moderne « fureur de vivre » un maximum d’effets racoleurs.

Face à une bande de jeunes acteurs, qui rappelle celle des premiers films de Coppola (« Rusty James ») ou de Van Sant (« Drugstore Cowboy »), trois quasi has been (dont un surprenant Harry Dean Stanton) qui tirent plutôt bien leur épingle du jeu - si l’on pardonne à Bruce Willis sa coquetterie à ne plus apparaître que postiché et si l’on oublie la métamorphose finale de Sharon Stone en bobone-Michelin…

Bien loin de la redondance cassavetienne-junior, Larry Clark, en 2001, dans « Bully » a abordé ce même thème d’une jeunesse abrutie par l’excès de ses transgressions mais dans un esprit dont la radicalité disruptive est différemment dessinée. Un même sujet, deux traitements divergents. A chaque spectateur de choisir, entre les courants « less » ou « more » celui qui lui paraît le plus efficace. (m.c.a)

 
(*) toujours d’actualité tant que le procès de son principal protagoniste (interprété par Emile Hirsch) sera toujours pendant. Jesse James Hollywood, a tenté d’empêcher la sortie d’« Alpha dog » au prétexte de ne pas mettre en péril l’impartialité de la Justice.