Sandra Hüller ; Swann Arlaud ; Milo Machado Graner ; Antoine Reinartz
Anatomie d’une chute
Comme son nom l’indique, Anatomie d’une chute retrace l’étude de la chute d’un corps, celui de Samuel, époux de Sandra et père de Daniel.
Sandra, romancière, dormait dans sa chambre quand la chute est arrivée. Daniel, quant à lui, se baladait avec son chien, Snoop. C’est Daniel, malvoyant, qui trouve le corps meurtri de son père le premier. "Maman ! Maman !" appelle-t-il aussitôt. Ambulance, police, juge d’instruction, enquête, expertise, reconstitution... et les rouages de la Justice se sont mis en marche. Le doute s’installe alors : s’agit-il d’un suicide ou d’un homicide ?
Le spectateur suit Sandra dans l’organisation de sa défense, aux côtés de ses avocats, jusqu’au procès qui a lieu une année après.
Sandra Hüller, qui incarne le personnage principal avec authenticité, porte le film sur ses épaules. Son jeu transpire la justesse, et ses capacités de passer d’une émotion à une autre témoignent d’une souplesse parfaite. Elle parvient à semer le doute dans l’esprit du spectateur : est-elle coupable ou innocente ? Ce doute est renforcé par un scénario qui se focalise sur le point de vue principal de Sandra, comme narratrice indirecte. Peut-on se fier à cette narratrice qui, dotée d’un cerveau formidable, pourrait nous manipuler comme elle pourrait manipuler son entourage : son fils, Daniel (Milo Machando Graner), son avocat (Swann Arlaud), voire même la justice.
Le doute persiste donc, aussi bien au niveau de l’attitude froide et détachée et par moment ambigüe de Sandra, qu’au niveau des choix scénaristiques optés par Arthur Harari et Justine Triet.
Quelques mots à propos de la réalisatrice
Justine Triet, à la fois scénariste, réalisatrice et actrice française, compte à son actif 4 fictions, dont Victoria (2016) nommé dans plusieurs catégories aux Césars, notamment celui du meilleur film.
On retrouve dans la filmographie de la réalisatrice la volonté de mettre en avant un personnage féminin fort et indépendant, obligé d’affronter des éléments perturbateurs à un moment particulier de sa vie.
La réalisatrice déclare à l’AFP que le cinéma doit contribuer "à la révolution sociétale" féministe et qu’elle regrettait, dans sa jeunesse, le manque de personnages féminins forts auxquels elle aurait pu s’identifier. "On a besoin de récits faits par des femmes, réalisés par des femmes, jugés par des femmes. On est encore très loin de la parité" ajoute-t-elle.
On ne peut alors que la féliciter pour son travail avec le personnage de Sandra mais aussi pour la Palme d’or qui récompense le film au Festival de Cannes en 2023.
Anatomie d’un chute est sorti dans les salles belges le 30 août. Le film vaut-il la peine d’être vu sur grand écran ? Sans aucun doute, foncez !
Sat Gevorkian