S’il ne faut pas, à en croire l’impertinent et sagace Michel Audiard, prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, il ne faut pas non plus considérer que les enfants sont des oies que l’on gave.
De propagande et de discours manichéistes.
C’est presque leur faire injure de les considérer comme incapables de comprendre un discours si celui-ci ne leur est pas asséné à coups de massue.
Ce qui est hélas le cas avec cet "Animals united", film animé que l’on peut voir en 2 ou 3D et qui met en scène la révolte d’animaux d’Afrique attendant vainement la crue annuelle du delta qui les nourrit.
Plutôt réussi sur le plan du graphisme et parfois drôle en raison de sa galerie de gueules animalières typées, le film finit pourtant par énerver.
Parce que son débordement de mises en garde contre les actions écodestructrices de l’homme aboutit à l’inverse de sa louable intention de prévention.
A force de pointer les coupables, il en oublie les remèdes à apporter aux problèmes.
Pire encore il donne l’impression que ceux-ci ne pourront jamais être durablement résolus.
Si l’on sait depuis Levinas que la perspective des temps prometteurs est en constant recul en raison de nos façons d’exister, convient-il surtout lorsqu’on s’adresse à un public destiné à devenir le facteur agissant de demain de l’effrayer en lui proposant l’image d’un Monde perverti par ceux qui l’habitent ?
Le 10 mars Cinématek propose une version cinématographique de 1969 par Curt Linda du livre d’Erich Kästner écrit vingt ans plus tôt « Die Konferenz der tiere » (*) qui a inspiré le présent film de Klooss et Tappe.
Il est intéressant de la comparer à la version actuelle.
Intéressant et déplorant parce qu’en 30 ans, on a l’impression qu’il devient de plus en plus complexe et difficile d’amener les enfants à devenir des adultes responsables. (mca)
(*) en français « La conférence des animaux » est paru en Folio Junior