ARE YOU LONESOME TONIGHT ?

Guangzhou, 1997. Un buffle parvient à s’échapper de son enclos en arrachant la corde à laquelle il était attaché. Par la même occasion, ce buffle force le destin d’un jeune homme, Xue-ming (Eddie Peng), en se mettant au travers de son chemin et en le contraignant ainsi à prendre une autre route. Route sur laquelle Xue-ming renversera par inadvertance un piéton. Rongé par la culpabilité, il cherche à se rapprocher de la veuve de la victime, Madame Liang (Sylvia Chang). Parallèlement l’inspecteur Chen (Yanhui Wang) mène son enquête après avoir découvert un corps criblé de balles, en réalité le corps de Monsieur Liang - celui-là même donc que Xueming a renversé.

Raconté en voix-off et nous baladant dans le récit en nous faisant revoir les mêmes scènes mais d’un autre point de vue, nous nous perdons peu à peu dans l’histoire au même titre que ses protagonistes qui ne parviennent plus toujours à distinguer l’imaginé du vrai. Toute cette confusion est renforcée non seulement par les nombreux fondus enchainés, mais aussi par la synesthésie engendrée par cette chaleur omniprésente qui nous embrouille l’esprit.

Sur un air de JukeBox (Are You Lonesome Tonight d’Elvis Presley) et dans une ambiance rappelant les films de gangsters hong-kongais des années 1990, Are You Lonesome Tonight semble faire des clins d’œil à Wong Kar-wai (pour la stylisation), à Quentin Tarantino (pour la forme à rebondissements) ou même à Nicolas Winding Refn (pour notamment l’utilisation de tous ces néons).

Présenté au Festival de Cannes Hors Compétition en 2021 et nominé pour la Caméra d’or, Are You Lonesome Tonight, premier long-métrage de Shipei Wen est un premier film prometteur qui mérite d’être vu en salles.

Astrid De Munter