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ARMAGEDDON TIME

James Gray

Anne Hathaway, Jeremy Strong, Banks Repeta, Jaylin Webbe, Anthony Hopkins ;

115 min.
12 avril 2023
ARMAGEDDON TIME

Histoire familiale, retour aux racines, mais surtout évocation d’une adolescence rebelle à New York dans les années 80, tel est le récit largement autobiographique de James Gray. Paul Graff, 13 ans, issu d’une famille juive de la petite classe moyenne, fréquente une école publique où il se lie d’amitié avec Johnny, enfant noir d’un milieu très pauvre. Tous deux , rétifs à toute discipline, tentent d’échapper au carcan scolaire. Mais l’époque est à la performance, à la compétition, à la réussite sociale à tout prix, et la famille Graff n’y échappe pas. Nous sommes à la veille de l’élection de Reagan, au seuil des années fric. Paul quittera l’école publique pour un collège huppé où le père de Trump tient un rôle essentiel. Sans grands discours, tout en finesse, avec ses jeunes comédiens épatants, James Gray trace un portrait impitoyable d’une société où le racisme est naturel, envers les noirs évidemment, mais encore envers les juifs. Il nous plonge aussi au cœur des contradictions familiales, lorsque le père, en proie à une ambition effrénée pour son fils, comme pour satisfaire une revanche sur sa propre condition, n’hésite pas à utiliser la violence lorsque Paul exprime le désir de devenir artiste. Une visite au musée Guggenheim et la vue d’une peinture de Kandinsky est comme une révélation. Mais un autre personnage veille. Le grand-père, comme un contre-pouvoir. Arrivé en Amérique encore bébé, sa mère fuyant les pogroms en Ukraine, où ses parents ont été assassinés, le grand-père est comme le gardien de la notion de justice et de bienveillance qu’il transmet à son petit-fils, soit un mensch lui dit-il, comme dans la tradition juive ; il encouragera Paul dans sa vocation d’artiste. Mais une dernière péripétie apprendra à l’adolescent que l’injustice a la vie dure…
Dans la lignée de "Little Odessa", James Gray parvient à concilier récit intime et critique corrosive d’une société impitoyable.

Tessa Parzenczewski