A éviter
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BELLAMY

Claude Chabrol ( France - distribution : CNC)

Gérard Depardieu, Clovis Cornillac, Jacques Gamblin, Marie Bunel.

110 min.
11 mars 2009
BELLAMY

Avoir une carrière aussi longue et durable que celle de Claude Chabrol est sans conteste une belle prouesse. Le souci est que ces dernières réalisations laissent à penser qu’il a peut-être fait le tour de ce qu’il avait à dire. 

Preuve en est avec ce nouvel opus, qui n’est malheureusement qu’une suite sans fin de clichés tant narratifs que cinématographiques. L’intrigue tout d’abord. Sorte de polar, version décolorée et fade, d’un inspecteur en vacances qui ne peut s’empêcher de mettre son nez dans l’intrigue locale. Ajoutez à cela une touche de relent familiale, avec l’arrivée du frère rebelle et rejeté au sein du couple amoureux, vous obtenez une histoire aussi stéréotypée que plate.

Un récit monocorde et sans goût, agrémenté de dialogues tout aussi insipides, à la limite de l’écœurant même, tant ils sont exemplatifs. Des truismes débités sans aucuns sentiments, sous l’emprise un détachement feint par les acteurs qui semblent eux-mêmes frustrés du peu de substance de ce qu’il incarne dans « Bellamy ».

Un jeu artificiel et distancié caractérise l’ensemble du film, un parti pris de faire « comme si on faisait du cinéma », qui sonne faux, « too much », du début à la fin. Chaque personnage est le stéréotype d’un type au cinéma ; l’inspecteur, la femme fatale, l’aimante épouse, le frère déchu, le criminel désaxé. Ce ne sont que des mannequins, des silhouettes en deux dimensions que Chabrol agite plus qu’il ne fait jouer.

« Bellamy » fait par ailleurs, et sans grande surprise, l’objet d’une réalisation on ne peut plus classique, à la limite du systématique. Mouvements caméra sirupeux, angles convenus, rien ne dénote dans ce flot de conventionalité.

Mais c’est sans aucun doute la musique qui est la plus exaspérante dans « Bellamy ». Une musique de fosse, gluante, faussement envolée, qui ne fait qu’empâter le récit dans plus de lourdeur.

Au bout de presque deux heures de film, on ne peut que se réjouir de pouvoir enfin quitter la salle de cinéma. Une interrogation taraude toutefois. On repense au cinéma que Chabrol critiquait violemment lorsqu’il était jeune critique au Cahier du Cinéma. Ce cinéma de papa qu’il ne pouvait supporter, et épinglait avec hargne. Ce cinéma tant détesté rappelle étrangement ce « Bellamy » qu’il vient de nous proposer…. 

(Justine Gustin)