Chronique familiale
1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s)

BOXES

Jane Birkin (France 2007 - distributeur : Les Films de l'Elysée)

Jane Birkin, Géraldine Chaplin, Lou Doillon, Tchéky Kario, John Hurt

95 min.
19 septembre 2007
BOXES

Un film qui a le mérite de ressembler à sa réalisatrice, c’est rare.
Tantôt touchant, tantôt agaçant, il est à l’image de cette Jane qui occupe depuis 40 ans, dans le cœur des gens, une place bien à elle. Faite de charme, d’humour, de sensibilité et de déconcertante franchise.

Jane B, dans « Boxes », est comme la « Worcestershire Sauce ». Elle aborde la vie - sa vie - avec ce mélange de saveurs sucrées (par la tendresse) / vinaigrées (par les doutes) dont on se sert pour rehausser les plats un peu bâclés, un peu brouillons.

Une femme, Anna, emménage dans sa nouvelle maison en Bretagne. Occasion pour elle, en déballant ses cartons (les « Boxes » du titre), de faire le point sur son parcours avant d’en entamer ce qu’Anny Duperey appelle le troisième tiers.

Film personnel, « Boxes » surabonde(*) d’allusions aux amours perdues (John Barry, Serge Gainsbourg, Jacques Doillon et Olivier Rollin) Et film clan-ique il craque sous les fantômes des parents disparus et les présences affectueuses et désordonnées d’enfants.

Sympathique et foutraque, Anna est Jane. Une Jane qui se cherche, se pose des questions - « Ai-je été une bonne mère, une bonne fille ? » - s’expose, parfois impudique mais finalement toujours under control à la scrutation du spectateur. En bonne fille d’Albion, elle évite de céder (parfois de justesse), lorsqu’elle en est tentée, à la geignardise en se souvenant du motto de sa queen : « never complain ».

Film narcissique, « Boxes » évite le nombrilisme par sa capacité de prendre distance lorsque la pagaille moïque menace. Les fous rires, comme les scènes oniriques ou les étreintes affectueuses sont là pour déminer la mélodramatisation et alléger la larmoyance lorsqu’elles menacent.

En 1992, Jane Birkin passait derrière la camera télévisée pour donner vie à son texte « Oh ! Pardon tu dormais… » qui scannait les arrières-cours d’une relation amoureuse. Avec « Boxes », elle élargit le spectre de ses préoccupations mais garde, sur elle- même et sur les autres, le même regard déroutant de franchise et d’insatisfaction mêlées.

« Boxes » grouille d’acteurs. Chacun apportant son écu de nostalgie (Maurice Bénichou), de folie (Géraldine Chaplin), de fantasque (Michel Piccoli), d’affection (Lou Doillon) à cette œuvre qui parce qu’elle parle ouvertement de séduction (**) crée entre elle et celui qui la regarde un lien doux et moelleux - comme le marshmallow - qui pourrait s’appeler complicité. Une complicité qui s’installe presque malgré soi. (m.c.a)

(*) comme dans le "Je t’aime" de Claude Berry avec Catherine Deneuve et... Serge Gainsbourg 
(**) entre hommes et femmes, entre parents et enfants