Comédie
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CASANOVA

Lasse Hallström (USA 2006 - distributeur : Buena Viasta)

Heath Ledger, Sienna Miller, Lena Olin, Jeremy Irons

108 min.
29 mars 2006
CASANOVA

Après avoir été un obsessionnel trousseur de jupons, Casanova, désargenté, oublié de beaucoup et ridiculisé par certains, est recueilli par le comte Walstein en son château de Dux.
Il y mourra en 1798 après avoir écrit, dans un français impeccable, les mémoires qui vont en faire une légende : celle d’un libertin vivant sans angoisse ni remords au rythme d’une sexualité exigeante.

Il est même devenu, à son insu une « antonomase » c’est-à-dire un raccourci littéraire qui permet à chacun de comprendre que l’emploi de son nom propre équivaut à évoquer un séducteur impénitent.

Et c’est là que l’histoire devient intéressante, parce que si Casanova appartient au vocabulaire universel, il est néanmoins aussi ce que chacun va y projeter.
De se souvenir que pour Alexandre Volkoff (1927), il est une sorte de Fanfan La Tulipe b5ndissant et caracolant.
Pour Comencini (1969) il est un fils des Lumières combattant les préjugés et les traditions religieuses qui entravent la liberté des hommes.
Pour Fellini (1976) il est un amant insatiable, mélancolique qui finit par tomber amoureux d’une marionnette.

Lasse Hallström fait le choix de privilégier un Casanova héritier de la commedia dell’arte et annonciateur de Marivaux .
Il adopte, soutenu par le livret de son scénariste Jeff Hatcher, un ton primesautier et farceur qui s’inscrit adéquatement dans l’ambiance carnavalesque d’une Venise amoureuse des intrigues et des déguisements.

Cette dimension enjouée est amplifiée par les décors réels de la Cité des Doges dont la beauté architecturale et la lumière ocrée sont magnifiquement utilisées et donnent au film une couleur et un ton légers et insouciants.
Ce qui arrive aux personnages est fantaisiste et peu probable mais peu importe le cinéma n’a pas pour mission d’être une image juste mais juste une image (Godard).

Si le film avait été dialogué en Italien (dont l’absence se fait parfois cruellement sentir) et si la scène relative à la défense judiciaire de Casanova par une jeune femme déguisée en homme avait été menée avec l’habilité et l’intelligence de Shakespeare - qui a eu recours à ce même stratagème dans « The Merchant of Venise » - cette plaisante comédie aurait encore gagné en charme et en souplesse verbale.

Mais ne boudons pas notre plaisir. « Casanova » réussit parfaitement à nous enjôler. (m.c.a)