COUPABLE

Le cinéma mène à tout. Même à donner envie de relire le linguiste Jakobson. Juste pour avoir une confirmation que le triangle formé par les consonnes BDP est bien de l’ordre de deux labiales pour une dentale.

Pourquoi BDP ?

Pour
B comme barbant.
D comme décevant.
P comme prétentieux.

Un jeune avocat est chargé de défendre une bourgeoise soupçonnée d’avoir tué son mari. Est-elle coupable ? Ou la meurtrière serait-elle l’énigmatique cuisinière du couple ?

Entrée au purgatoire après le succès d’ « En avoir ou pas » et « A vendre » - films, il est vrai, substantialisés par la présence magnétique de Sandrine Kiberlain - Laetitia Masson n’est pas près d’en sortir avec ce « Coupable » sorte de polar vaguement platonicien par ses références répétées à la notion d’âme sœur.

1 voix, celle de Michel Onfray, et 4 acteurs (*) pour tenter de donner du poids à ce film dans lequel, de son propre aveu, la cinéaste, veut avant tout filmer le théâtral de la réalité.

Et qui y réussit si bien, trop bien sans doute, que très vite le spectateur se demande s’il n’est pas « coupable » de se laisser mener par une mise en scène artificielle qui se fiche complètement de lui.

Obnubilée par la volonté égoïste de la réalisatrice de poursuivre un « trip perso » sur les charivaris de l’amour, les femmes givrées et les décalages sociaux.

Si vous quittez la salle de projection sur la pointe des pieds, découragé par tant de boursouflures formelles, rassurez-vous.

On ne vous dénoncera pas. On vous suivra. (m.c.a)

(*) dont aucun malgré leur talent intrinsèque - on pense surtout à Jérémie Renier et Hélène Fillières - n’arrive à donner au film une épaisseur et un intérêt.