Chronique dramatique
4étoile(s) 4étoile(s) 4étoile(s) 4étoile(s) 4étoile(s)

CRASH

Paul Haggis (USA 2005 - distributeur : Belga Films)

Matt Dillon, Sandra Bullock, Don Cheadle

114 min.
5 octobre 2005
CRASH

Une grande ville à quelques jours de Noël. Une autoroute. Un accident. Des cris et des gens.
Focus sur certains de ceux-ci et plongée dans leur passé immédiat.

Y a-t-il quelque chose qui les unit à part leur humaine fraternité à la fois tellement palpable et tellement difficile à exprimer ?

Paul Haggis soutient que les relations entre les hommes sont devenues si chiches qu’ils en sont réduits à provoquer des accidents pour pouvoir entrer en contact les uns avec les autres.

Et pourtant tous ces humains isolés dans leur bulle ne sont-ils pas reliés les uns aux autres par la même propension au désarroi et à la souffrance ?

En toile de fond du scénario Los Angeles, là où pulse une vie mosaïque faite d’une multitude de races, de nationalités et de classes sociales qui vivent en couches plus superposées que mixées. 

L.A. où personne ne sait identifier l’autre sans avoir besoin de l’agresser.

L.A. qui déborde de préjugés sociaux et racistes, d’arrangements boiteux avec la morale, la déontologie et la conscience personnelle.

Mais ville aussi où chacun peut saisir une occasion, une occurrence aurait dit Sartre, pour se révéler à lui-même (et donc à l’autre) différent de ce qu’il croyait.

« Crash » est un film touffu, animé par des mouvements de caméra rapides et astucieux qui sculptent ce que la vie peut avoir de tragique, de complexe et d’inattendu.

Chacun des interprètes (épinglons entre autres acteurs tous formidables Matt Dillon et Don Cheaddle) y occupe une place qui, juxtaposée à d’autres, forme ce qu’on appelle un tissu urbain où la solitude se mêle à la promiscuité, le sauvage au policé et le fragile au cruel.

Pour vous donner envie d’aller voir ce film et vous frotter à cette humanité qui grouille autant sur l’écran qu’en vous-même permettez-moi de vous rapporter une question posée par sa plus jeune héroïne de 5 ans : « jusqu’où peut aller une balle (de revolver) ? » 

Existe-t-il une réponse à cette étrange question ?
Je n’en sais rien, je sais juste qu’elle m’accompagnera un certain temps. (m.c.a)