Drame familial
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DARLING

Christine Carrière (France 2007 - distributeur : les Films de l'Elysée)

Marina Fois, Guillaume Canet, Anne Benoît

93 min.
14 novembre 2007
DARLING

L’assiette anglaise était une émission télévisée cornaquée par Bernard Rapp et diffusée les samedis des années 1980.

Parmi ses chroniqueurs, un spécialiste du monde rural Jean Teulé. Celui-là même qui a écrit le livre « Darling » dont Christine Carrière s’est fidèlement inspirée pour sa deuxième réalisation cinématographique après « Qui plume la lune ? » avec un subtil Jean-Pierre Darroussin en veuf, soutenu dans son travail de deuil par ses deux filles adolescentes.

Avec « Darling », changement de forme plus que de fond. Il s’agit toujours pour la réalisatrice de s’intéresser à la même problématique : comment encaisser, en restant debout, les coups du destin ? Mais sans la pudeur et la délicatesse singulière de son précédent film.

Mal aimée depuis son enfance, Catherine échappe à son quotidien, triste et solitaire, sous son nom de code cibiste, Darling. Choix d’un prénom opposé à la vie moche qui l’attend après son mariage avec Roméo(!), un routier particulièrement violent et volage.

Le film est sordide. Il est impossible de s’attacher à l’héroïne malgré le courage avec lequel elle fait face aux désastres qui s’empilent dans sa vie, comme assiettes sales dans un évier en mauvais état.

L’humour froid avec lequel elle détaille son existence agace et au lieu d’inspirer du respect dégage un irrépressible et saumâtre ennui.

Marina Fois fait le maximum pour conférer à son personnage de victime dignité et lucidité, mais elle peine à conférer à « Darling » le minimum de crédibilité grâce à laquelle le spectateur peut entrer, sinon en osmose du moins en intérêt, avec les personnages qui vivent sur l’écran.

Situation pour le moins paradoxale quand on sait que le livre de Jean Teulé se base sur une histoire vraie, celle de sa cousine. Et qui repose la question de savoir pourquoi il y a des films de fiction qui dégagent une impression de vérité et des films de réalité qui laissent un sentiment d’incrédulité.

Peut-être qu’une ébauche de réponse pourrait être trouvée dans la notion de confiance. Ce contrat tacite qui s’établit entre les acteurs et les spectateurs et sans lequel ne fonctionne pas le mécanisme, identifié par le psychanalyste Christian Metz sous le nom du signifiant imaginaire - indispensable sésame à s’ouvrir aux mystères d’une projection.

Il y a eu des films coup de poing sur le problème des femmes battues - on pense au bouleversant « Te doy mis ojos » d’Iciar Bollain - qui apportent un point de vue sur la question de la violence conjugale. 

"Darling" n’offre aucune approche neuve sur le sujet. Présenté comme une accumulation des brimades et échecs qui font d’une existence, selon les mots de la réalisatrice, "une vie de merdes", il n’évite pas, par un juste retour de boomerang, d’être qualifié de film « cambronnien ».

Les Français étant naturellement indulgents avec les réalisations de leurs compatriotes, ceux qui ont envie d’un avis positif sur « Darling » liront les recensions parues dans les magazines " Studio" et "Première" du mois de novembre 2007. (m.c.a)