Natali Broods, Robby Cleiren, Jan Declair, Josse De Pauw
Voilà un titre bien énigmatique qui évoque le bonheur de l’autre alors que le film qu’il désigne suinte de tristesse et de solitude.
Dans un petit village des Flandres, un enfant meurt sur le bord de la route abandonné par un chauffard.
Si ce thème du délit de fuite rappelle celui de « Que la bête meure » de Chabrol, il développe dans son traitement narratif et scénographique, une atmosphère très personnelle décrivant une Flandre suspicieuse et repliée sur elle-même.
Chacun des personnages se débat dans les rets d’une double difficulté : celle de vivre et celle communiquer.
Les adultes et les enfants vivent, côte à côte mais sans être ensemble.
Les voisins ne se saluent que pour mieux s’épier.
Tous connaissent la solitude qu’ils vivent devant une TV omniprésente qui paraît être leur seul lien animé avec le monde extérieur.
L’accident va, un temps, fissurer cet environnement froid et létal.
Mais très vite cette possibilité de se sentir soudé à l’autre s’effrite et chacun retourne à ses préoccupations personnelles.
Le ton adopté par la réalisatrice est sobre, quasi minimaliste.
A l’emprisonnement des personnages correspond une contention des images qui rattache le cinéma de Troch à celui de la peinture hyperréaliste qui, parce qu’elle semble regarder ses personnages avec distance, leur confère une dimension irrévocablement désespérée.
C’est un premier film qui exige du spectateur du cran pour ne pas céder à la noirceur du récit qui rappelle, à la façon d’un Levinas, que l’intention de bonheur ne se donne pas, qu’elle peut tout au plus (et rarement) se construire. (m.c.a)