Docu-reportage
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ENRON, THE SMARTEST GUYS IN THE ROOM

Alex Gibney (USA 2005 - distributeur : Paradiso Filmed Entertainment)

Les dirigeants et complices de la réalité...

110 min.
18 janvier 2006
ENRON, THE SMARTEST GUYS IN THE ROOM

Le hold up ou le vol à main armée à toujours été un genre prisé par le cinéma américain. Jusqu’à présent les armes utilisées dans ce type d’opérations étaient soit à feu, soit blanches.

Dans « Enron » point de 22 long rifle ou de couteau mais juste un arsenal de lois comptables et fiscales détournées avec cynisme par la hiérarchie d’une des plus grandes sociétés cotées en bourse pour spolier à la fois actionnaires et travailleurs.

Rien ne manque à ce drame économique (plus d’un billion de dollars empochés par les racketteurs) et social (20.000 personnes licenciées) pour en faire une tragédie grecque avec ses Cassandre non écoutées, ses Ménèlas dévorés d’ambition et ses Ulysse dépourvus de scrupules.

Ce documentaire, une fois son postulat accepté à savoir une non-allergie aux exposés de montages financiers, se regarde comme un suspens bien ficelé et sans solution - les patrons d’Enron n’étant pas encore jugés.

Le spectateur est, d’abord, pris de vertige devant l’aisance avec laquelle ces mécanismes systématisés de dépouillement d’autrui ont été mis en place.

Ensuite il est saisi par le dégoût face à cette société où les recettes virtuelles l’emportent sur les recettes réelles et dans laquelle les collusions avec le monde politique (Bush en particulier) sont plus valorisées que l’éthique et la droiture professionnelles.

Dans le monde de show-bizz permanent dans lequel nous vivons (Guy Debord parlait de société spectacle), le cas Enron (mega pendant de « notre » Leernie & Hauspie) est devenu une source de scénario inspirant le meilleur, que ce soit sur grand ou petit écran (le documentaire d’Emmanuel Amara Bastin projeté sur RTBF2 les 15 et 17 janvier), ou le pire (le film « Fun with Dick and June » de Dean Parisot).

Mais cette prise de possession d’une réalité par la caméra ne doit pas nous faire oublier le drame des milliers d’employés qui se retrouvent sur le carreau et privés de leurs fonds de retraite.

Le cinéma, s’il peut démontrer les failles d’un système, est bien impuissant à y apporter un remède.

C’est pourquoi je l’aime autant qu’il me désespère (m.c.a)