ERAGON

A chacun son coursier.
Sancho Pancha a sa mule, Harry Potter son balai, Barbarella l’ange Pygar.

Eragon a sa dragonne, Saphira (Rachel Weiz lui prête sa belle voix) avec laquelle il délivrera le royaume d’Alagaësia des ténèbres et violences dans lesquelles le tyran Galbatorix (un John Malkovitch divinement maléfique) l’a plongé.

Au départ de ce film épique il y a un livre de 700 pages (*) écrit par Christopher Paolini, un jeune écrivain de 15 ans, pour stigmatiser l’imagination de ses jeunes lecteurs, tiraillée entre merveilleux et terrifiant.

Sans soutenir la comparaison avec le cycle du « Seigneur des anneaux » - difficile de faire plus extravagant et foisonnant que Peter Jackson - « Eragon » se distingue néanmoins par des scènes qui fourniront aux jeunes spectateurs leurs doses d’effroi et par un formidable casting d’aînés.

A côté de John Malkovitch, un Jeremy Irons (**) impeccable en guide éclairé qui, comme Maître Yoda de "La guerre des étoiles" possède, avec sagesse, les règles de l’art du combat et un Robert Carlyle machiavéliquement savoureux.

Evidemment les esprits chagrins ou blasés détecteront vite les lieux communs de cette histoire qui, pour exister en tant qu’heroic-fantasy, se doit de sacrifier aux règles du genre - un héros en devenir, un mentor, la fille d’un rebelle à aimer, un ennemi fourbe et doté de pouvoirs surnaturels, un ami indéfectible, des épreuves, la perte d’êtres chers et le triomphe d’une juste cause.

Mais ceux qui se souviennent, que pour chaque spectateur il existe une première fois, apprécieront que celui qui découvre la magie du cinéma, grâce à « Eragon », puisse s’évader dans un monde qui ne cède pas à la mode de l’ultra violence, de la grossièreté langagière ou de la médiocrité morale.

Le film fera d’autres heureux : les défenseurs des dragons se réjouiront de leur réhabilitation, les amateurs de liens familiaux verront en Saphira une parente du gentil Elliot.
Quant aux amateurs de poésie, ils se souviendront de R.M. Rilke qui, dans ses « Lettres à un jeune poète » considèrent que « Tous les dragons…sont peut-être des princesses qui attendent de nous voir beaux et courageux ». (m.c.a)

(*) Eragon est le premier tome d’un trilogie « L’héritage » dont on attend, pour 2008, le dernier épisode.
(**) qui en connaît un bout sur les dragons, lui qui avait en 2001 participé à un documentaire de Jeffrey Schwartz sur le sujet « Making of Dungeons and dragons ».