Docu-fiction
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FARO, LA REINE DES EAUX

Salif Traoré (Mali/Burkina Faso/France/Allemagne/Canada - distributeur : Brunbro)

Sotigui Kouyaté, Maimouna Hélène, Fili Traoré, Michel Mpambara

96 min.
9 juillet 2008
FARO, LA REINE DES EAUX

Sans vouloir, par la comparaison avec le magnifique film de Jean Renoir « Le fleuve », rendre un hommage inconsidéré au « Faro » de Salif Traoré, on peut quand même souligner une intention commune entre les deux cinéastes.

Raconter à partir d’une histoire individuelle celle d’une famille, d’un village, d’un pays et attirer l’attention sur la nécessaire ouverture au monde sous peine de ne plus être en phase avec le perpétuel mouvement des cycles de transformation dans lesquels l’homme est, tel un fétu de paille, emporté.

Zanga, mis au ban de sa communauté parce qu’il a été conçu hors mariage, revient dans son village natal. En lisière du fleuve Faro dont les emportements sont vite assimilés, par les Anciens, à des mouvements de colère en raison du retour de l’enfant-bâtard qui risque, dans sa quête du père, de porter préjudice au fonctionnement d’une société rivée à son immobilisme.

Comme tant d’autres films africains qui évoquent l’imaginaire des Anciens, « Faro » est marqué par un questionnement sur la confrontation entre tradition et modernité, coutumes et savoir.

Confrontation dont l’issue positive ne viendra que d’un nouage des deux formes de connaissances afin de préparer l’Afrique à un avenir, à la fois respectueux de sa mémoire mais allégé des croyances qui retardent sa nécessaire mutation vers le XXIème siècle.

Salif Traoré est malien, comme le cinéaste Adama Drabo qui en 1991 a ouvert la voix, lors de la présentation au festival de Cannes de son film « Ta dana » (*), à tout un mouvement cinématographique dans lequel l’univers mental (**) des Africains n’est plus décortiqué par des réalisateurs d’autres continents, mais laissé à ses autochtones.

Ce qui confère à la démarche de ces derniers une authenticité, tissée de force et de sensibilité, qui permet de saisir de l’intérieur les particularités de réalités sociales et culturelles différentes des nôtres.

Sans être passionnant, « Faro… » est intéressant par la meilleure compréhension qu’il autorise, sans la partager, de la méfiance d’une société rurale envers celui qui souhaite lui apporter les « bienfaits de la civilisation ».

Intéressant aussi l’entretien accordé par le cinéaste à Chiaka Doumbia et retranscrite sur le site http://www.maliweb.net/category.php?NID=32203 (m.c.a)

(*) Dans lequel ce n’est pas l’élément eau mais l’élément feu qui sert de pivot à la réflexion. Dans les deux films la profession du personnage masculins principal est la même. Ils sont ingénieurs, c’est-à-dire porteurs de la compétence technique qui permettra à l’Afrique d’évoluer.
(**) « Tilai » d’Idrissa Ouedraogo, « Laada » de Drissa Touré, « Mooladé » de Ousmane Sembene.