Docu-fiction
3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s)

GOOD NIGHT AND GOOD LUCK

GEORGE CLOONEY (USA 2005 - distributeur : Paradiso Filmed Enternainment)

David Strathairn, Jeff Daniels, Robert Downey Jr, Patricia Clarkson

93 min.
4 janvier 2006
GOOD NIGHT AND GOOD LUCK

George Clooney, une fois de plus après son « Confessions of a dangerous mind », prouve que séduction et réflexion peuvent marcher de pair.

Il semble aussi qu’il ait une thématique de prédilection : celle de s’intéresser à l’impact de la télévision dans nos sociétés modernes.

De 1950 à 1954 l’Amérique a connu, au plus fort de la guerre froide, sous la houlette du sénateur Mac Carthy, une dangereuse chasse aux communistes qu’un journaliste de la CBS, Edward R.Murrow, a décidé de dénoncer. Il le fera avec un calme déterminé qui contraste avec la folie paranoïaque de son contradicteur dont la personnalité est uniquement rendue par des documents d’archives.

Cette maîtrise, si elle enlève au film tout impact sensationnel, lui confère une aura de courage à froid plaidant en faveur d’un journalisme intègre, intelligent et indépendant du pouvoir.

Je regrette néanmoins que, parfois, la démonstration de Clooney soit trop évidente, éludant les ambiguïtés de la situation politique de l’époque. Ainsi il dénonce, et à juste titre, une manipulation mais sa thèse trop limpide frôle un manichéisme qui peut lui aussi se révéler manipulateur.

Mais ne boudons pas notre plaisir : la beauté du noir et blanc, la sobre efficacité du jeu des acteurs, l’absence de débordement d’images hors cadre compensent largement ce que le film a de trop rigide, de trop brillamment dialogué et parfois d’inutilement esthétisant.

Poincaré, au début du XXe siècle, plaidait pour une science avec conscience afin d’éviter « la ruine de l’âme ». Clooney, un siècle plus tard, attire notre attention sur la nécessité de ne pas voir dans la télévision qu’une « boîte de fils et de lumière » destinée à distraire et à amuser sous peine d’assister à l’instauration irrévocable d’une pensée unique.

Sera-t-il entendu ? Et s’il l’est y aura-t-il de la part du spectateur lambda qui se repaît de cette télé-lénifiante une demande permettant de soutenir l’exigence d’une pensée de qualité ? (m.c.a)