Comédie sentimentale
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JE CROIS QUE JE L’AIME

Pierre Jolivet (France 2007 - distributeur : Cinéart)

Sandrine Bonnaire, Vincent Lindon, François Berléand, Kad Mérad

90 min.
2 mai 2007
JE CROIS QUE JE L'AIME

Il y a des films, comme il y a des princes, charmants. Ils séduisent, sans vraiment le vouloir, par leur gentillesse, leur convivialité et leur évidence premier degré.

Déjà dans son premier scénario « Alors heureux ? » mis en scène par Claude Barrois, Pierre Jolivet annonçait la couleur et son intérêt pour les rencontres entre les contraires et les conséquences qui en résultent. Tantôt dramatiques dans « Force majeure », sociales dans « Ma petite entreprise », rigolotes dans « Filles uniques ».

Avec « Je crois… », le réalisateur a choisi sans équivoque son registre : celui de la comédie romantique basée sur un chassé-croisé amoureux qu’il décline en couleurs pastel.

Lucas tombe amoureux d’Elsa. Echaudé par la traîtrise de sa précédente compagne, Lucas engage un détective pour espionner Elsa. Avant de faire rimer leurs prénoms au tempo de la plus ouverte des voyelles, ils devront vaincre leur peur de s’engager.

Peu importe que le scénario soit gentiment cousu du fil rose de l’invraisemblance, que Vincent Lindon en grand patron français ou Sandrine Bonnaire en artiste bobo soient arché (et archi) typés . Peu importe que Jolivet sacrifie, jusqu’à la limite de l’artificiel, à toutes les conventions du genre : beaux endroits, jolis décors, bons sentiments, happy end de rigueur…

Pour charpenter cet ensemble de saynètes légères et d’éclats de rires (ceux de Bonnaire sont comme d’habitude proches du miracle), il fallait une ossature. Ce sera celle qui se dégagera d’un jeu d’acteurs tous bons, qu’ils occupent en permanence l’écran comme Sandrine Bonnaire (hyper sympa) ou Vincent Lindon (hyper craquant) ou qu’ils soient des personnages secondaires comme François Berléand (délicieusement pervers) ou Kad Mérad (philosophe par fatalité).

Avec « Je crois… », Jolivet s’inscrit à la fois dans la lignée d’un certain cinéma français (Claude Sautet, Philippe de Broca) qui savait valoriser les rôles moins importants en les lestant d’une essentialité narrative et dans ce mouvement très contemporain de revisiter le cinéma du « Y inversé » : celui qui finit par réunir deux tempéraments que tout oppose. « Je vous trouve très beau » d’Isabelle Mergault, « Mauvaise foi » de Roschdy Zem ou « Prête-moi ta main » d’Eric Lartigau avec les formidables et inattendus Alain Chabat et Charlotte Gainsbourg.

Il y a une alchimie dans « Je crois… » qui transforme l’anodin et le consensuel en bien-être. Comme dans les chansons de Bénabar qui privilégie la douceur à la tension, la connivence à l’impertinence. On regarde et on écoute les deux avec le même plaisir, tiède peut-être mais pas sans saveur. (m.c.a)