Coup de coeur
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Coup de coeurL’ECONOMIE DU COUPLE

Joachim Lafosse

Bérénice Bejo, Cédric Kahn, Margaux Soentjes, Jade Soentjes, Marthe Keller, Catherine Salée

100 min.
8 juin 2016
L'ECONOMIE DU COUPLE

Suite aux grands espaces de sa tragédie humanitaire en terre africaine, « Les Chevaliers blancs », Joachim Lafosse nous invite à pénétrer le huis clos d’un couple qui se sépare, mais qui - pour des raisons économiques - est obligé de cohabiter.

Avec “L’économie du couple”, le réalisateur met de côté sa passion pour les situations malsaines qui poussent les êtres humains au pire d’eux-mêmes, afin de nous parler d’un petit drame du quotidien. Petit mais tellement commun à chacun des mortels. Un malaise sociétal d’un ordinaire on ne peut plus banal. Quoi de plus classique, en effet, et malheureusement, qu’une rupture de couple ? Rendez-vous en terrain connu.

Boris et Marie ont décidé de se séparer. Une unité de foyer brisée au grand dam de leurs petites filles, un couple de sœurs jumelles qui incarnent à leur tour l’importance de l’unité. Mais une rupture qui entraîne une séparation figée, une séparation qui ne peut aboutir à cause de l’impossibilité de reloger chaque parent individuellement. Une séparation qui prend du temps, qui fait trois pas en avant, puis cinq en arrière, telle une petite chorégraphie improvisée ravivant un instant l’amour passé.

À la manière d’une série de chroniques intimistes, le cinéaste dépeint avec justesse des moments clés qui ponctuent une rupture. Comment l’amour fait place à de l’agacement et de l’irritation. Comment le foyer se transforme en prison donnant lieu à une cohabitation aux règles absurdes. Ou encore, comment ce même foyer, un joli appartement (duquel on ne sort pas), devient l’objet de convoitise, le terrain de guerre où chacun se retranche sur ses positions. Elle est la propriétaire, lui a fait tous les travaux de rénovation, mais aucun ne veut lâcher prise, chacun a raison.

Une rupture, c’est forcément triste. Néanmoins, partant de son propre vécu, Joachim Lafosse nous livre un film qui lui est proche et dont la proximité nous atteint, et ce faisant, nous fait du bien, car on peut s’y projeter. Un film qui nous parle lorsque les mots font défaut.

(Luz)