L’INNOCENT

Animant un atelier théâtre en prison, Sylvie, une sexagénaire, s’éprend d’un détenu et l’épouse. Le mariage est célébré en prison. Sauf que… Abel, le fils de Sylvie, est rongé d’inquiétude pour sa mère, et si une fois libre, le détenu récidivait ? S’inspirant de son histoire familiale, puisque en effet la mère de Louis Garrel est actrice et anime des ateliers en prison, le réalisateur nous embarque dans une aventure complètement farfelue, sur le mode ludique, et où l’on peut dire que le ton fait l’œuvre. Et récidive il y a, mais rien ne se déroule comme prévu. Une association de bras cassés, un braquage, des caisses de caviar, et inattendue, la complicité d’Abel et de sa meilleure amie, Clémence et au bout, de nouveau la case prison, mais pas pour les mêmes.
Cela ressemble à un film policier, mais toujours décalé, où les personnages se mettent à inventer d’autres situations, à changer de peau pour un instant, et le jeu théâtral revient, comme un trompe-l’œil. Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Quelques interludes aussi, lorsque Abel exerce son métier, guider des enfants face au grand aquarium, gros plan sur cet autre univers, fascinant et énigmatique. Sans oublier le troupeau de manchots vers la fin, comme un clin d’œil ?
Un film surprenant, un angle de vue insolite, un humour au second degré et où actrices et acteurs excellent dans un registre inhabituel.

Tessa Parzenczewski