Fantastique
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LADY IN THE WATER

Night Shyamalan (USA 2006 - distributeur : Warner Bros)

Bryce Dallas Howard, Paul Giamatti

109 min.
20 septembre 2006
LADY IN THE WATER

La nymphe aquatique de Monsieur Shyamalan n’a rien de la profondeur de l’Ondine de Giraudoux.

L’une (interprétée au Français par une toute jeune Isabelle Adjani) incarne la passion pure, absolue, l’autre (une cadavérique Bryce Dallas Howard) se promène en liquette autour d’une piscine et oscille entre l’envie de regagner son monde aquatique et le désir de sauver la terre et les humains de menaces aussi redoutables que floues.

Si avec « The Sixth Sense » Shyamalan et plus encore avec « The Village » Shyamalan a ouvert la voie à un cinéma visionnaire et surnaturel alliant questionnement et féérie, il faut bien admettre que cette histoire d’une rencontre, celle d’une jeune Narf et d’un gardien d’immeuble, est dépourvue de magie.

Malgré une photographie magnifique, due à Christopher Doyle ( « Eros », « 2046 » ), la lourdeur du message, le manque de crédibilité de la construction narrative, les nombreux emprunts à la mythologie « Spielberg » (« Rencontres du 3ème type », « E.T » ) et la fatuité du réalisateur qui se met en scène dans le rôle d’un écrivain porteur de grands changements pour le futur de l’humanité feraient sourire si toute cette mise en scène ne soutenait un discours dangereusement problématique parce que sectaire.

En effet à quoi assistons-nous ? A une glorification de l’être élu, celui qui apportera remède aux difficultés et tourments des humains. Moins qu’une sirène, la narf qui porte le grandiloquent prénom de Story, est une espèce d’ange Gabriel venu annoncer aux habitants de la terre que l’un des leurs possède le don de « faire s’envoler les peurs qui obscurcissent les pensées ».

Il paraît que le raccourci utilisé pour interpeller le cinéaste est « Shy ». Plutôt cocasse quand on perçoit à quel point ce n’est pas la timidité mais une estime de soi surdimensionnée qui actionne Shyamalan.

Est, à cet égard, particulièrement intéressant le livre (*) que Michael Bamberger consacre au réalisateur, qui justifie sa rupture d’avec les Studios Disney par des critiques à l’égard du scénario de « Lady.. » qu’il n’a pas appréciées et qui l’ont incité à trouver refuge chez Warner Bros.

Il paraît que Monsieur Shyamalan rêve de mettre en scène « Harry Potter et le prince de Sang-Mêlé » Souhaitons lui de renouer, grâce à ce jeune sorcier, avec son talent de conter le paranormal et le fantastique sans se soucier de délivrer un message.

Pour ceux qui aiment les parallèles originaux parce qu’inattendus, lire dans « Les Cahiers du Cinéma » de juillet-août 2006 un étonnant (et bien argumenté) rapprochement entre Michael Mann et Night Shyamalan. (m.c.a)

(*) « The man who heard voices ou how M. Night Shyamalan risked his career on a fairy tale"