Romance
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LAST NIGHT

Massy Tadjedin (USA 2010)

Keira Knightley, Eva Mendès, Sam Worthington, Guillaume Canet

92 min.
16 février 2011
LAST NIGHT

Il en est des films comme des pots de confiture. Ils peuvent être industriels, artisanaux ou mieux encore faits maison.

Avec « Last night », s’il est évident que la dernière catégorie est à exclure - nous ne sommes pas dans un film dit d’auteur -, nous ne sommes pas non plus dans un film uniquement formaté.

Même si la ritournelle narrative de cette première réalisation d’une jeune irano-américaine est éculée : A vit avec B. Elle retrouve C un ancien amoureux, pendant que B se demande s’il va la tromper avec D.

 

On sait qu’avec un peu de doigté dans la mise en scène et de conviction dans l’interprétation il est possible de « resaucer » n’importe quel plat du jour et parfois même le transformer en mets inattendu et goûteux

C’est la tâche à laquelle se sont manifestement attelées les classieuse Keira Knightley et sensuelle Eva Mendès, toutes deux défendant les fragilités de leurs personnages avec naturel, justesse et émotions.

Aidées par un scénario qui s’approfondit - sans éviter quelques répétitions parfois un peu longues - au fil des interrogations et doutes qui habitent les acteurs.

A la fois tentés par le jeu facile de la séduction mais aussi empêtrés dans un nœud de non-dits et de désirs que la seule verbalisation, aussi intellectuelle soit-elle, ne suffit pas à contenter.

« Last night » n’est ni une comédie ni une tragédie. Il est un regard moderne et féminin sur les difficultés à faire couple. De nos jours. Mais sans doute aussi de tous temps.

A la fois désenchanté et caustique, triste et glamour, il ne fait pas de l’amour une partie de plaisir mais un réseau d’affects complexes, contradictoires, difficiles à assumer et qui ne rendent pas nécessairement heureux.

Une musique sobre, des dialogues bien écrits et bien dits (on pense à « Closer » de Mike Nichols), une unité de temps précisément circonscrite à 24 heures confèrent au film sa secrète alchimie.

Si nous ne sommes pas dans la retenue et la noblesse de « In the mood for love » de Wong Kar-wai, nous ne sommes pas non plus dans le marivaudage bavard et superficiel de tant de films français qui ont pour thème l’adultère.

Mais plutôt dans un juste compromis entre une envie (réussie) de parler de sentiments controversés et un récit dans lequel l’amour vogue entre hésitations, dépressions et sensations.  (mca)