Ali Helali, Wided Dadebi, Yassine Samouni
Achraf (Ali Helali), 13 ans, et son cousin Nazir (Yassine Samouni), 16 ans, bergers tous deux, font paître paisiblement leur troupeau de chèvres dans la montagne de Mghila. La zone est interdite, infestée de bombes antipersonnelles et de jihadistes mais c’est là où se trouve de l’eau, des bons pâturages pour les animaux.
Les deux adolescents s’amusent au soleil, chantent, profitent de ce décor idyllique en apparence jusqu’au moment où arrivent un groupe de terroristes qui les agressent, assassinent violemment Nazir et demandent à Achraf de ramener la tête coupée de son cousin à la famille en guise de message macabre.
Inspiré de faits réels, le film est une tragédie mais à hauteur d’enfant, avec un réalisme magique. Achraf va faire son deuil, dans ce monde de violences, accompagné du fantôme de son cousin et d’une amie de son âge, (lumineuse Wided Dadebi), qui tous les deux l’aident à surmonter son trauma.
La famille et les villageois sont démunis, isolés et ignorés des autorités.
La sobriété du décor, les silences accusateurs, les regards pleins de souffrance, la misère des gens montrent le sentiment d’abandon de la population pour qui le terrorisme s’ajoute à la misère.
Le film est porté par un trio de jeunes acteurs formidables. La mise en scène est épurée à l’extrême mais les trois jeunes gens irradient littéralement à l’écran.
Récompensé par le Bayard d’Or du meilleur film et celui de la photographie au Festival du Film francophone de Namur en 2024, les enfants rouges est le deuxième long métrage du réalisateur tunisien Lotfi Achour. Le réalisateur met en avant la résilience humaine, la capacité des enfants à transcender des horreurs inimaginables grâce à leur force intérieure et leur imagination.
La photo signée du polonais Wojciech Staron traduit le singulier équilibre entre la pauvreté de la vie quotidienne du village, la beauté des paysages et l’horreur du terrorisme.
Drossia Bouras