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Les Olympiades

Jacques Audiard

Lucie Zhang, Makita Samba,
Noémie Merlant, Jehnny Beth, Stephen Manas, Geneviève Doang, Lumina Wang

105 minutes min.
3 novembre 2021
Les Olympiades

Un film sur Olympie et l’histoire des jeux ? Pas du tout : « les Olympiades », c’est le nom d’un quartier situé dans le 13eme arrondissement de Paris, une « ville dans la ville », modèle, si on peut dire, de l’architecture verticale sur dalle, et cadre d’une histoire réalisée par Jacques Audiard, en 2021 <1> .
Le film commence par une admirable descente de la caméra sur les tours, la nuit, passant entre elles, s’attardant sur telle ou telle fenêtre allumée, sur lesquelles se dessinent des silhouettes de personnages.
A ce moment-là du film, le personnage omniprésent et mystérieux, c’est cette ville d’une quinzaine de tours qui portent, chacune, le nom d’une ville hôte des JO d’été et d’hiver. D’où le titre. « En faisant le double choix du 13ème arrondissement et du noir et blanc, j’avais la possibilité de proposer quelque chose de plus graphique, de décaler les attendus sur Paris, de filmer cette ville européenne presque comme une métropole asiatique. À la fin, on pourrait dire que « Les Olympiades » est presque un « film d’époque contemporain » précise Audiart.
Et puis, sur ce fond de béton, apparaissent, tour à tour, les trois personnages du film, trois jeunes adultes qui se cherchent, se retrouvent, s’aiment, se quittent.
C’est un portrait attachant d’une jeunesse pleine de diplômes, qui – souvent par choix - vit de petits boulots, qui change de vie sans cesse comme incapable de se fixer sexuellement ou amoureusement : Emilie (Lucie Zhang) vient de terminer Sciences Po mais décide de vivre de petits jobs (serveuse etc.). Elle s’attache à Camille (Makita Samba) jeune professeur, déjà désabusé par le système scolaire. Mais Camille tombe amoureux de Nora (Noémie Merlant), elle-même blessée par la vie et qui finira par s’attacher à Amber Sweet (Jehnny Beth) cam-girl, sans doute le seul personnage du film qui a trouvé sa voie et qui sait pourquoi et comment elle vit. Compliqué ? non, pas un seul instant car le spectateur est comme porté par le rythme des personnages qui se débattent dans leur quotidien.
« En fait, tous les personnages vont faire l’expérience de la désillusion, mais dans le bon sens car c’est sur eux-mêmes qu’ils s’illusionnaient. Les expériences qu’ils vont vivre leur ouvriront les yeux sur ce qu’ils sont vraiment, sur ce qu’ils désirent et aiment réellement. » dit le réalisateur.
Il n’y a aucun moment inutile dans ce film tourné en noir et blanc, un film où Jacques Audiard voulait que l’on parle tout le temps. Audiard pose la question du couple : y- a -t-il encore un discours amoureux ? est-ce nécessaire et/ou suffisant de parler pour être un couple ? Le film fait avancer le spectateur, comme dans un labyrinthe, sur le chemin que suivent les personnages pour tenter de se définir et de se trouver.
C’est savoureux, plein d’humour, de finesse. Les acteurs sont tous fabuleux de naturel, de présence.
Un film intemporel, dont on sort revivifié.
<1> Le scénario du film est l’adaptation de trois nouvelles de l’auteur de bande dessinée américain Adrian Tomine « Les Intrus « (anglais : Killing and Dying) publiées en octobre 2015

France Soubeyran