Karin Viard, Ana Girardot, Cédric Kahn
                Avec « Madame de Sévigné », la réalisatrice Isabelle Brocard prend le parti d’axer son film sur la relation fusionnelle que la Marquise (Karin Viard) a entretenue avec sa fille Françoise, Madame de Grignan (Ana Girardot).
Le 27 janvier 1669, Françoise épouse le comte de Grignan et va rejoindre son mari, nommé lieutenant-général en Provence par Louis XIV. C’est à cette circonstance que nous devons les Lettres de Madame de Sévigné, écrites pendant près de 30 ans, avec chaque semaine plusieurs lettres.
Si le film se focalise sur la relation mère/fille, il n’est, heureusement, pas que cela :
Est montré tout d’abord le portrait d’une femme les plus modernes de son temps. Être libre pour La Marquise, c’est avoir l’ambition d’être indépendante, ne pas dépendre de multiples grossesses, comme sa fille, c’est aussi – veuve et semble-il heureuse de l’être- pouvoir s’adonner à ses passions sans dépendre d’un homme (on apprend que son mari est mort  dans un duel avec la mari de sa maitresse). Portrait d’une mère qui a choisi l’ indépendance et d’une fille qui semble avoir choisi la soumission.
Ensuite ce film décrit bien l’époque par la peinture, vive, alerte, ironique de la société dans laquelle évolue la Marquise. La réalisatrice nous fait voyager entre les différentes propriétés  où vit Madame de Sévigné, avec, en arrière plan, des évocations de l’histoire faite de guerres, d’épidémies, de révoltes sur fond de scènes de cour. 
Les deux actrices sont excellentes, Karin Viard réussissant à donner à son personnage  sa flamboyance et sa froideur, Ana Girardot, réussissant à montrer l’évolution d’une jeune fille vers une femme aimante et soumise.
Mais voilà, s’il est  sans doute un peu dommage que le film nous enferme dans cette relation mère/fille, il nous donne envie d’en savoir un peu plus sur l’oeuvre lilléraire de Madame de Sévigné.
France Soubeyran