Drame familial
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Coup de coeurMON FILS A MOI

Martial Fougeron (France/Belgique 2006 - distributeur : ABC distribution)

Nathalie Baye, Victor Sévaux, Emmanuelle Riva, Olivier Gourmet

90 min.
9 mai 2007
MON FILS A MOI

Cadeau empoisonné que ce film à la veille de la Fête des Mères. Parce qu’il est le portrait d’une mère calcinée par une pulsion fusionnelle pour son garçon qu’elle refuse de voir grandir.

Cadeau fantastique que la prestation exceptionnelle de Nathalie Baye qui incarne, jusqu’à la folie, un amour dont l’excès est proche du malsain et qui a obtenu, à juste mérite, le prix de la meilleure actrice au Festival de San Sebastian 2006.

Dans une maison bourgeoise, une famille dont l’apparence normale ne résistera pas longtemps à la névrose qui l’habite. Deux enfants, Julien, 12 ans et Suzanne, 15 ans. Un père qui se retranche derrière ses responsabilités de professeur pour ne pas avoir à prendre celles de père. Et une mère, engluée dans un crescendo implacable de possessivité à l’égard d’un jeune adolescent dont elle fera son souffre-douleur.

Nathalie Baye, loin de son rôle de mère d’accueil dans « Michou d’Auber », campe un personnage qui, par ses contradictions, rappelle cette profession de foi pirandellienne « On n’est pas un, on est mille ».

Toujours juste, souvent sur le fil du rasoir de la cinglerie, elle s’impose d’emblée, dès la première scène, dans un rôle humain et difficile qui la fera évoluer, sans en rajouter dans la composition psychologisante, du rôle d’une mère stricte et aimante à celui d’une mère-vampire et (auto) destructrice.

L’objet de son investissement acharné, le jeune Victor Sévaux - dont c’est la première apparition à l’écran - est très convaincant. Son itinéraire personnel, le transformant de fils aimant en fils violent, répond, avec crédibilité et finesse, aux perversions maternelles, créatrices d’ un climat qui n’est pas loin de la terreur.

Le scénario aborde, avec une souple solidité, un thème âpre, celui de la maltraitance morale -
parfois proche d’un inceste jamais évoqué - d’un enfant par une femme elle-même en souffrance d’être mal aimée.

Si « Little children » de Todd Field est un film sur les liens variés qui unissent les mères à leurs enfants, si « Nue-propriété » de Joachim Lafosse met en scène une mère instrumentalisée par ses fils adultes, « Mon fils à moi » décrit, d’une façon presque muette et à l’aide de plans rudes, volontairement dépouillés de la moindre kinésie distractive de l’essentiel, le drame de deux amours, un maternel et un filial, qui, parce qu’ils sont l’avers et le revers du même miroir, finiront par se fracasser. (m.c.a)