Comédie déjantée
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NI A VENDRE NI A LOUER

Pascal Rabaté (France 2011)

Maria de Medeiros (délicieuse), Jacques Gamblin, François Damien, Dominique Pinon

80 min.
13 juillet 2011
NI A VENDRE NI A LOUER

L’été au cinéma est ce que la Toyota hybride est au monde de l’automobile (*) : il fait appel à deux sources d’énergie.

L’une de qualité pointue (l’Ecran total) et l’autre qui semble tombée du camion duquel il aurait été parfois plus avisé de ne pas l’en sortir.

Précédé d’une flatteuse et chauvine critique française, le nouveau Rabaté « Ni à vendre ni à … » propose, sans avoir la fraîcheur, la sexualité gaillarde et tendre, la gentillesse bien heureuse des « Petits ruisseaux », une enfilade sans grand intérêt ni cohérence d’historiettes muettes mais sonores.

 

Plus tristounettes que gaies, elles mettent en scène un éventail de personnages caricaturaux que l’on pourrait regrouper, s’il fallait sociologiquement les définir, sous la bannière élastique et vaguement méprisante de beaufs.

Beaufs de tous âges et de tous degrés de sympathie : mâles, femelles - quoique que celles-ci semblent plus rétives à entrer dans la catégorie sauvées par une audace que n’ont pas leurs homologues chromosomés XX -, caravaneurs, campeurs, amoureux, garçons de café et aubergistes, vacanciers en bord d’océan, sado-masos, tous plutôt ringards et soucieux de satisfaire un invisible cahier des charges : respecter les quotas dont sont friands les sociétés modernes, amours homosexuelles comprises. 

S’il fallait à tout prix trouver des alibis à quelques côtés plaisants du film, on peut dire de celui-ci qu’il lui arrive d’être poétique, burlesque et au sens british du terme absurde.

Qualificatifs qui perdent une partie de leur puissance élogieuse lorsqu’ils sont ramenés à leurs réalités de terrain à savoir accepter que Minou Drouet soit la fille spirituelle de Rimbaud, Anne Roumanov la cousine de Buster Keaton et Nicolas Canteloup le neveu de John Cleese.

Il est par contre une chansonnette de comparaison qu’on se refuse d’entonner. Celle du parallèle avec « Les vacances de Monsieur Hulot ».

Parce que s’il est vrai que l’essai Tati (*) existe, pour qu’il soit transformé en goal il aurait fallu à la fois plus de mathématique calibrée dans la mise en scène, d’ironie élégante et d’humanité bienveillante dans le propos.

"Ni à vendre ni à louer" n’est pas un film totalement raté (grâce notamment à un cadrage soigné) ou totalement réussi, il est un film thermométrique.

La chaleur avec laquelle le spectateur le défendra sera fonction de l’indulgence qu’il aura pour ses épaisseurs et ses lourdeurs .

Un seul atout ne pourra lui être enlevé : il est court - 80 minutes chrono en main.

Et malgré cela il peut paraître long … (mca)

(*) ces automobiles que Rabaté semble affectionner pour leur carrosserie trafiquée et bizarroïde.
(**) tout comme la tentative Pierre Etaix