NORD

Est-ce pour rompre avec la monotonie des longs hivers que le cinéma norvégien balafre le quotidien d’une douce folie qui enchante ceux qui ne voient pas en Descartes un créateur mais un fossoyeur d’idées ?

« Nord » n’échappe pas à la règle de ce « décalé » instillé par petites touches qui secoue et ridiculise notre besoin de rationalité.

Dans « Kitchen stories » de Ben Hamer c’est la routine des hommes célibataires qui est épinglée jusqu’à l’absurde.

Dans « Norway of life » de Jens Lien, c’est en saisissant le côté absurde, répétitif et désespéré des journées de ses personnages que le réalisateur porte sur le mode de vie scandinave un jugement défintivement critique et sarcastique.

Dans « Nord » ce que le personnage principal, Jomar, a perdu c’est l’impression de se sentir vivant. De se sentir connecté à ce qui l’entoure.

Cette histoire de dépressif qui décide de mettre sous le boisseau alcool et médicaments pour partir à la recherche d’un fils dont il vient d’apprendre l’existence - un peu comme Bill Murray dans « Broken flowers" (*) décide de rompre son ennui existentiel par la même quête - est avant tout une tentative de reconquête de soi.

A travers les rencontres hétéroclites (le fou, le sage, l’homme âge, la jeune fille … ) propres au road-movie, Jomar va se « dégivrer » et retrouver en se dirigeant vers le « Nord » le sens de la boussole qui évite de se perdre et de cheminer sans but et projet.

Les méandres de la logique sont, tout comme les mystères de l’âme, insondables.

Et déconcertants.

Ils font de la vie un ensemble souvent (toujours ?) décousu, inordonnancé mais qui justement parce qu’’ils ressemblent à ce que Lautréamont qualifient de « rencontre inattendue sur une table d’opération d’un parapluie et d’une machine à coudre » lui donnent toute sa saveur (mca)

(*) De Jim Jarmusch