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NOS AMIS LES TERRIENS

Bernard Werber (France 2007 - distributeur : Belga Films)

Annelise Hesme, Thomas Le Douarec, Audrey Dana, Boris Ventura

85 min.
13 juin 2007
NOS AMIS LES TERRIENS

Les « Baedekers » sont, depuis 1827, de fantastiques guides de voyages. Ils proposent, écrits par les meilleurs spécialistes en la matière, une foule d’informations à l’usage des explorateurs du monde.

Bernard Werber, s’étant rendu compte que manquait à la collection un vade-mecum à l’usage des excursionnistes galactiques en mal de connaissances sur les Terriens, a décidé, après s’être intéressé dans « Le père de nos pères » au chaînon manquant, d’accorder toute son attention à la rédaction du catalogue-manquant censé éclairer le monde sur le fonctionnement des habitants de la Belle Bleue.

Plus proche du « guide-âne » que de la réflexion amusante ou pertinente, « Nos amis… »-le livre (*) avait l’unique mérite de proposer une idée intrigante (qui aurait pu être amusante) : qui sont les humains et comment fonctionnent-ils ?

« Nos amis… »-le film, par le degré zéro de sa direction d’acteurs et par sa mise en scène nullissime non seulement désamorce de plein fouet la singularité livresque mais en souligne toutes les faiblesses et rodomontades.

Présenté comme un documentaire animalier, la démonstration se révèle étonnamment réductrice
parce qu’elle ne porte que sur des humains blancs, trentenaires et urbains. Mettant de ce fait en raciale et culturelle quarantaine les 99% de ceux qui peuplent, autrement, la Terre.

Même la voix off de Pierre Arditi - en parallèle évident à celle d’Henri Laborit, commentant dans « Mon oncle d’Amérique » d’Alain Resnais les actions des personnages - qui glose sur les façons d’être des deux couples étudiés, l’un en captivité et l’autre dans son milieu naturel, ne convainc pas de l’intérêt de cette approche zoologique des humains.

Auteur à succès, Werber a plus d’un point commun avec cet autre abonné aux meilleures ventes, Eric-Emmanuel Schmitt.

Outre le fait que leur célébrité est la caution sur laquelle pourrait se monter leur film, ils sont, l’un et l’autre, des écrivains prolixes et constants qui aiment étoffer leurs histoires d’informations (pseudo) scientifiques ou de considérations philosophiques. A ce rentable duo se joindra bientôt le new-agien Marc Lévy, qui lui aussi démangé par le prurit pelliculaire, a décidé de porter à l’écran « Mes amis, mes amours » avec Vincent Lindon et Patrick Timsit (le duo de « Paparazzi » d’Alain Berbérian).

Dans un souci de créer un front de résistance passive à ces tentatives de pénétrer, avec banalité et indigence, un domaine qui n’est pas le leur, il reste la solution du reading-in : se plonger dans une (re)lecture d’Isaac Asimov qui, mieux que personne, a su allier le romanesque de l’imaginaire à une consistante scientificité. (m.c.a)

(*) ed.Télémaque