Comédie sociale
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ON A CLEAR DAY

Gaby Dellal

Peter Mullan, Brenda Blethyn

105 min.
5 juillet 2006
ON A CLEAR DAY

Peter Mullan est un acteur formidable qui porte sur ses épaules, musclées comme celle d’un bon crawleur, un film dont le scénario, sans son talent, n’aurait été qu’une énième déclinaison sur la volonté d’un chômeur de sortir de son désœuvrement. (« Schultze Gets The Blues » de Michal Schorr ou « Brassed off » de Mark Herman )

Comme ses compères de fiction les « Full Monthy », Frank va se donner un projet et, nonobstant les difficultés, s’y tenir dans l’espoir de retrouver, à ses yeux, un sentiment de valeur.

Aidé par une bande de copains qui, comme lui, ont un compte à régler avec eux-mêmes, Frank va mener à bien son idée de traverser la Manche à la nage.

Son souhait de relier deux pays qui ont été longtemps ennemis n’est pas innocent.
Il peut être lu comme une tentative de se réconcilier avec une partie de lui-même, blessée depuis la perte d’un enfant qu’il n’a pu, il y a plus de vingt ans, sauver de la noyade. 

Mullan réussit à donner corps à la détresse d’un personnage emmuré dans un travail de deuil inabouti et à la pudeur des retrouvailles avec un fils dont il s’était éloigné depuis ce drame.

Mullan, qu’il soit comédien (*) ou metteur en scène (« The Magdalene Sisters » en 2002) a comme, l’architecte Mies Van Rohe, le souci de donner beaucoup avec peu .
Tous deux adeptes du « Less is more », ils élaborent qui une maison qui un rôle, avec une rigueur
qui confère à leurs réalisations une réelle aura émotionnelle.

Soulignons aussi l’importance accordée par Gaby Dellal aux éléments que sont le feu, l’eau et la terre.
Le feu magnifié dans la construction des paquebots – le métier exercé par Frank - l’eau qui va le laver de ses fantasmes de culpabilité et, comme celle lustrale du baptême, accompagner son entrée dans une vie plus légère, et la terre puisque c’est un galet prélevé sur une plage française qui conférera à sa traversée la qualité d’exploit homologable.

Un petit film ? Peut-être par sa narration convenue, mais un film estimable sûrement par les qualités de générosité, de pardon, de recherche de dignité qu’il prône.

(*) son regard, s’il n’a pas le bleu de celui de Paul Newman, rappelle par son éclat farouchement résolu, celui du personnage de « Cool Hand Luke » (m.c.a)