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PAS DE VAGUES

Teddy Lussy-Modeste

François Civil, Shaïn Boumedine, Toscane Duquesne

91 min.
3 avril 2024
PAS DE VAGUES

« Pas de vagues Mr Keller », prévient le directeur de Julien Keller (François Civil) quand ce professeur se voit accuser à tort par une de ses élèves d’harcèlement. Ce qui n’est au début qu’une rumeur se propage dans l’enceinte scolaire et vient détruire la vie de Julien.
Pas de vagues questionne la condition des professeurs et l’absence d’aides disponibles en cas de besoin. Qui protège leur réputation, leur poste quand ils sont victimes de fausses accusations ? Le réalisateur, Teddy Lussy-Modeste montre que, dans ce genre de combat, le professeur est souvent seul à lutter contre quelque chose de plus grand que lui.
Un film inspiré d’une histoire vraie, celle vécue par son réalisateur lui-même ancien professeur victime de tels faits.
Il est accompagné à l’écriture de la brillante Audrey Diwan (à qui l’on doit la coécriture de l’Amour et les forêts de Valérie Donzelli et aussi la réalisation de L’événement en 2021). Ce duo permet d’avoir un scénario bien ficelé et qui fonctionne.
Le film traite avec subtilité d’un sujet pas toujours évident à aborder : il n’y a pas le camp du gentil prof et des méchants élèves, les personnages sont multidimensionnels et pas seulement noir ou blanc. L’écriture des personnages est renforcée par les performances, notamment celle de François Civil, solide comme à son habitude. L’ambiance malaisante d’une salle de classe accusatrice est très bien retransmise. Plus globalement, c’est tout le poids sur les épaules de Julien qui est très justement abordé.
Le malaise enseignant abordé dans ce film fait écho à l’excellent film La salle des profs (İlker Çatak, 2023) sorti il y a quelques semaines dans nos salles belges. Il peut également être mis en parallèle avec le film La Chasse (Thomas Vinterberg, 2012) qui traite aussi des fausses accusations et des répercussions de celles-ci sur la vie d’un individu.
C’est en comparaison avec ce genre de films que Pas de vagues faiblit ; s’il est pertinent, traitant de sa thématique avec un scénario bien écrit, on est cependant loin de ce que nous avait offert La Chasse. L’intensité des menaces, le sentiment d’injustice est là mais il manque une plongée en profondeur dans l’après. Peut-être est-ce de par sa durée (seulement 1h30) mais Pas de vagues semble survoler les conséquences de toute cette affaire sur son protagoniste. Le film finit en suspens, sans tirer de bilan et nous laisse un peu sur notre faim.

Flore Mouchet