Sans intérêt
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PASSE-PASSE

Tonie Marshal (France 2008 - distributeur : CNC)

Nathalie Baye, Michèle Bernier, Edouard Baer, Guy marchand, Joey Starr

93 min.
16 avril 2008
PASSE-PASSE

La surabondance de films s’accompagne en toute logique d’une surabondance de mauvais films.

Evidence, tautologie, truisme, lapalissade sans doute mais surtout épreuve lorsque les mauvais films s’enchâssent de semaine en semaine donnant au collier qu’ils forment les couleurs de la vulgarité (« Les randonneurs »), du crétinisme (« Disco ») et du bâclé (« Un château en Espagne »).

Ou encore du n’importe quoi comme ce « Passe-passe », la dernière réalisation de Tonie Marshall qui n’arrive pas à renouer avec la vie qui pulsait dans « Vénus beauté institut » ou « Enfants de salaud ».

Ici tout sonne faux, semble surfait et lourd. Malgré un copieux registre de bonnes intentions - le film se veut un tour de passe-passe, une boîte de magie pleine de surprises - il barbe et donne envie de fuir par le double fond que malheureusement il n’a pas.

En fait de boîte, il s’agit plutôt de celle de Pandore par laquelle s’échappent, une fois ouverte, tous les maux du cinéma français contemporain : laisser-aller narratif, inintérêt pour la mise en scène, abus du placement product, utilisation du charme des acteurs en laissant au vestiaire leur talent, zestes de trivialité censée donner à un film bourgeois « son » aune de populaire, gaudriolisation d’un immoral fait de société - la relation Roland Dumas/Christine Deviers-Joncour dans le cadre de l’affaire Elf …

Il y a quelque chose de malséant dans le discours social de Madame Marshall. Ces billets qui s’échappent d’un sac de grand prix - inutile d’ajouter à la publicité qu’elle lui fait à longueur de plans en citant la marque - en arrivent à être discourtois. En cette période où les mots restriction et récession ressurgissent, ombrant un peu plus encore un présent déjà bien précaire.

Avec ce film nous ne sommes pas « Au plus près du Paradis » (*).

Mais dans un caravansérail où s’entassent, dans un pêle-mêle décevant, pirouettes sentimentales, retournements d’opinions, Alzheimer - très tendance dans le cinéma contemporain (**) - et sous-intrigues inabouties.

Si « Passe-passe » est une sorte de road-movie - entre Paris et Barcelone - il inaugure une nouvelle façon de voyager. Qui n’emprunte ni la route, ni la mer, ni les cieux ou le rail.

Il chevauche ce qui est le plus prompt à surgir d’un cinéma basé sur la trivialité : l’inconsistance.

En conséquence de celle-ci, le titre fait référence à une inutile répétition.

Passe (ton chemin) suffit. (m.c.a)

(*) Titre d’un long métrage de Tonie Marshall réalisé en 2002 avec Catherine Deneuve, William Hurt et sa maman, Micheline Presle, dont on regrette qu’elle n’ait pas apporté dans « Passe passe » le grain de folie généré par sa présence à la fois décalée et rassurante.
(**) « Cortex » de Nicolas Boukhrief, « The notebook » de Nick Cassavetes, « Away from here » de Sarah Polley, « De zaak Alzheimer » d’Erik van Looy, « Je préfére qu’on reste amis » d’Olivier Nakache et Eric Toledano, « Iris » de Richard Eyre, « The Savages » de Tamara Jenkins etc…..