Drame familial et politique
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RENDITION ou DETENTION SECRETE

Gavin Hood (USA 2007 - distributeur : Kinepolis Film Distribution)

Reese Witherspoon, Jake Gyllenhall, Omar Metwally, Meryl Streep

147 min.
9 janvier 2008
RENDITION ou DETENTION SECRETE

Soutenu par Amnesty International, « Rendition » est un drame de série C au contenu engagé d’une série A. Ce qui en fait un film plutôt moyen de classe B.

Un peu dans la lignée de « Blood diamond » d’Edward Zwick, - des acteurs célèbres, l’efficacité made-in-Hollywood, le budget généreux - « Rendition » est une fiction citoyenne qui offre l’avantage d’attirer l’attention d’un public plus large que ne le ferait un documentaire sur les ambiguïtés du monde politique contemporain et spécialement américain.

Dans « Blood of diamond » il s’agissait d’évoquer les ravages de la contrebande de pierres précieuses en Sierra Leone. Dans « Rendition » il s’agit de se demander jusqu’où peut-on aller au nom de la dénonciation du Mal ?

Un jeune biochimiste en raison de ses origines égyptiennes et parce qu’un attentat a causé la mort d’un Américain, est arrêté par la CIA qui le suspecte de sympathies terroristes. Il est envoyé dans un pays d’Afrique du Nord pour y subir, dans une prison secrète, des interrogatoires musclés.

Un analyste de la CIA (un Jake Gyllenhaal pâlot et peu convaincant) assiste à ces interpellations qui présentent plus d’un point commun avec les mises à la question moyenâgeuses et se met à douter du respect par son pays des valeurs défendues par sa Constitution.

"Rendition" a un mérite qu’il est facile d’épingler parce qu’il est le seul de ce film interminable : attirer l’attention sur la pratique mise au point sous Bill Clinton pour contourner l’interdiction légale des mauvais traitements en exportant les suspects hors du territoire national.

Une fois cela compris, on peut quitter la salle. Pour éviter de s’énerver devant une mise en scène
édifiante et obscènement caricaturale. Devant un amoncellement de ficelles cinématographiques qui finissent par ressembler à des cordes avec lesquelles on a envie d’étrangler le cinéaste. Pour être passé à côté d’un sujet captivant.

Nous préférons ne rien dire de Reese Witherspoon en hommage au souvenir gardé de ses prestations saugrenues dans « Legally Blonde I » de Robert Luketic et touchantes dans « Walk the line » de James Mangold.

Bien loin de l’émotion et de la puissance de son premier film, « Tsotsi », Gavin Hood patauge et ne réussit pas à donner corps au pacte réussi par d’autres (*) entre 7ème art et politique.

Sous sa caméra, le cinéma n’est pas un moment de vérité mais un moment altéré. (m.c.a)

(*) « Syriana » de Stephen Gaghan, « Lord of war » de Andrew Niccol, « The road to Guantanamo » de Michael Winterbottom et Matt Whitecross