Drame social
1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s) 1étoile(s)

SAUF LE RESPECT QUE JE VOUS DOIS

Fabienne Godet (France 2006 - distributeur : Cinélibre)

Olivier Gourmet, Dominique Blanc, Julie Depardieu, Marion Cotillard

90 min.
31 mai 2006
SAUF LE RESPECT QUE JE VOUS DOIS

La peur de perdre son emploi légitime-t-elle d’accepter les abus de pouvoir d’un patron ?

Le cinéma contemporain s’intéresse de plus en plus souvent à la vie dans l’entreprise pour en dénoncer la gangrène par de pernicieux mécanismes qui, sous des formes diversement violentes - le harcèlement moral dans « Ressources Humaines » de Laurent Cantet ou économique dans « Glengarry Glen Ross » de James Foley - aboutissent au même constat : la souffrance sur les lieux du travail est partie prenante de la modernité ( *)

François a 40 ans, il est marié, père d’un jeune garçon. Il est cadre dans une PME de la région nantaise et il a pris l’habitude de sacrifier sa vie privée à sa vie professionnelle.
Il fait partie de ce que le sociologue Jacques Donzelot appelle « la classe anxieuse », celle qui, coincée entre les immigrants et les élites, accepte les détériorations graduelles de ses conditions de travail croyant ainsi conserver intangible sa place dans l’entreprise.

Un jour, François « pète les plombs » suite au suicide de son ami Simon victime d’un licenciement abusif.

Si la thématique de ce film est intéressante parce qu’elle reflète la prise de conscience des difficultés engendrées par une organisation du travail de plus en plus rigide et rognante des droits sociaux acquis au fil des années, on peut en regretter la shématisation qui présente, comme réponse à la lente déshumanisation de l’entreprise, de partir en guerre contre son employeur pour retrouver sa dignité.

N’est-ce pas là oublier que les dirigeants d’entreprises, eux-mêmes étranglés par les diktats économiques du marché, perdent peu à peu leur souplesse et leur liberté d’action ?

Si « Sauf votre respect … » a raison de mettre en garde contre une automatique acceptation des stratégies d’entreprises (qui aboutissaient à faire de Jérémie Renier dans « Violence Des Echanges En Milieu Tempéré » un parfait petit-robot-formaté-à-licencier), pourquoi avoir, à mi-parcours
du récit, amoindri la cohérence du propos en le diluant dans une fictionnalisation excessive par le biais d’une enquête à la Rouletabille ?

Ce métrage est le premier long de Fabienne Godet, ce qui peut expliquer une tension irrégulière à
soutenir de bout en bout l’acuité d’un sujet difficile.
Que ceci n’empêche pas de souligner la frémissante prestation de Dominique Blanc, et celle très impliquée d’Olivier Gourmet (m.c.a)

(*) cette souffrance a été radiographiée par Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil dans leur documentaire « Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés »