Avec son film d’animation « Sirocco et le royaume des courants d’air », indéniablement proche de l’univers de Myazaki*, Benoît Chieux réussit à créer un univers singulier tout aussi riche en couleurs et réflexions poétiques sur la vie.
L’histoire commence mal pour la petite Carmen, qui râle, car c’est son anniversaire, mais elle doit attendre une demie heure avant de pouvoir manger son gâteau. Carmen et sa grande sœur Juliette viennent d’arriver chez Agnès, une amie de leur mère qui doit les garder. Agnès est autrice de récits fantastiques et comme elle a écrit toute la nuit (et qu’elle avait peut-être oublié l’arrivée des petites), elle a besoin de faire une sieste d’une demie heure.
Mais une demie heure c’est long, c’est ennuyeux ! Carmen n’arrête pas de se plaindre, jusqu’à ce qu’elle commence à somnoler. Un léger vent s’invite par la fenêtre entr’ouverte et fait valser les feuilles du récit. Entre sommeil, rêves et éveil, à la manière d’Alice, nos héroïnes vont trouver un passage pour entrer dans le monde merveilleux de Sirocco, leur livre favori.
Transformées en chats et séparées l’une de l’autre, Carmen et Juliette vont devoir retrouver le chemin de retour au monde réel. Avec l’aide de la talentueuse chanteuse Selma, dont la voix fait vibrer les montagnes, elles seront amenées à confronter le mystérieux Sirocco, maître des vents et des orages.
Pour le cinéaste, le fantastique requiert de garder des zones d’ombre, tel que le visage à moitié caché de Sirocco. Aussi, raconte-t-il, le monde imaginaire n’est que prétexte au conte contemporain et nous comprenons que les vents puissants qui soufflent sur le royaume font allusion au dérèglement climatique qui transforme nos vies.
Enfin, Benoît Chieux explique que : « la meilleure façon de respecter les enfants est de suivre mon instinct. J’essaie d’aborder des sujets qui me touchent personnellement, mais je consacre beaucoup de temps et d’énergie à trouver les moyens les plus simples et les plus clairs pour qu’ils comprennent l’histoire que je raconte. Et en m’assurant qu’ils prendront plaisir à le regarder. »
Si certains pourraient être refroidis par la ressemblance avec Myazaki, sentiment réducteur, il faut noter que le réalisateur tire également son inspiration des psychédéliques Yellow Submarine**, Moebius, Nicole Claveloux ou encore Claude Ponti. Alors, soyez curieux et allez découvrir par vous-mêmes ce qui se cache dans le royaume fabuleux de Sirocco.
Luz
* « Mon voisin Tottoro », « Princesse Mononoke » et « Le voyage de Chihiro » font partie des œuvres les plus célèbres de Hirao Myazaki
** « Yellow Submarine » est un film d’animation inspiré par la musique des Beatles