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THE ASSISTANT

Kitty Green

Julia Garner, Owen Holland, Jon Orsini, Kristine Froseth, Matthew Macfadyen

89 min.
25 août 2021
THE ASSISTANT

Une jeune assistante a récemment rejoint l’équipe d’une boite de production renommée, et doit naviguer le milieu du cinéma.

24 heures dans la vie d’une femme

Après ses documentaires The Face of Ukraine : Casting Oksnana Baiul et Casting JonBenet, qui apporte un regard inédit sur l’implication du milieu des « mini-miss » dans le sort tragique qu’a connu JonBenet Ramsay, Kitty Green apporte sa patte au service de la fiction.

The Assistant jouit d’une sobriété salvatrice que seul le savoir-faire saurait sublimer. Sur le papier, le synopsis ferait presque bailler : le spectateur suit une nouvelle assistante de producteur de cinéma new-yorkais pendant 24 heures. Dans ce cadre aussi familier qu’impersonnel qu’est le milieu d’entreprise, la toxicité distillée, redoutable par sa latence, s’insinue dans chaque scène.

Ce 9 to 5 est en réalité le supplice de Sisyphe d’une protagoniste aussi réelle que démunie. Coups de téléphone, photocopies, courrier, accueil de la nouvelle recrue : autant d’actes quotidiens transpercés par le poids de leurs conséquences pour une jeune femme solide qui se doit de puiser dans sa résilience.

Une Journée en Enfer

« Less is more ». Cet adage anglo-saxon semble parer chaque plan de The Assistant. Une photographie et une composition plus que maitrisées laissent les spectateurs assister à la l’insinuation normalisée d’une véritable gangrène.

Là où d’autres cinéastes pourraient s’échiner à (sur)représenter un sexisme normalisé et des rapports de forces malsains, Green nous laisse les entrevoir à travers les yeux de son héroïne.

Les femmes de ce film ont chacune leur propre relation avec ce tyran omniprésent, chacune leur stratégie pour mener cette bataille qui n’a pas lieu d’être. Kristine Froseth brille comme à son habitude par son côté ingénu non dénué d’entièreté.

Mais c’est bien Julia Garner qui porte ce film. Son interprétation à fleur de peau nous laisse pressentir une grande carrière, et nous met presque en rage de ne pas pouvoir venir en aide à son personnage. A l’instar de José Saramago dans son roman Blindness, l’anonymat des personnages souligne la dépossession de leur identité, sans pour autant porter atteinte à leur humanité.

The Assistant mérite amplement sa récompense du Sundance Film Festival pour le Premier Scénario ; en ce qu’il n’est ni subversif, ni corrosif, il est bien plus : il dégouline et dégoute d’une certaine réalité.

Dounia Haegel