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THE OLD OAK

Ken Loach

Dave Turner, Jen Patterson, Ebla Mari.

25 octobre 2023
THE OLD OAK

Un village au nord de l’Angleterre. Rues grises, commerces fermés, un pub déglingué… D’emblée, Ken Loach nous plonge dans le monde des perdants. Tout au long des années, le cinéaste n’a cessé de faire entendre la voix des opprimés – contextes à géométries variables, ethnies diverses – mais toujours cette mise en évidence, limpide, des mécanismes de l’exploitation. Un cinéma engagé qui laisse cependant toute la place à chaque individu, avec ses tourments et ses jardins secrets.
Un jour débarque au village un groupe de réfugiés syriens fuyant la guerre. Et les hostilités se déclenchent. Une cascade d’injures, une violence verbale inouïe, Ken Loach ne nous épargne rien, brutalité et mépris, sans filtre. Et puis, la caméra bouge, et… arrêt sur image : ceux qui accueillent. TJ Ballantyne, le patron du pub, se dépense sans compter auprès des arrivants. Une immigrante se détache du lot, Yara. Son appareil photographique lui tient lieu de pass. Il lui permet de briser la glace, de nouer des liens. Et petit à petit, un projet naît, un projet solidaire, inspiré par la longue grève menée dans la région par les mineurs, dans les années 80, les années Thatcher : créer dans le pub restauré une cantine solidaire gratuite. Les obstacles ne manquent pas, petites cruautés quotidiennes, défiances obstinées… petit à petit les murs tomberont, on verra même naître une empathie.
Est-ce qu’on peut faire des bons films avec des bons sentiments ? Ken Loach prouve que oui, sans jamais être simpliste. En ces temps de guerre, et celle de Syrie est évoquée dans le film, on ne peut qu’avoir chaud au cœur, et le mot est faible, à la vision d’une sorte de happy end , mêlé de larmes il est vrai, une utopie ?
Tessa Parzenczewski