The Sweet east

« The Sweet East » (1) est le premier long métrage de Sean Price Williams, connu pour avoir été pendant 20 ans chef opérateur, décrit par le New Yorker comme « le directeur de la photographie d’un grand nombre des meilleurs et des plus importants films indépendants de la dernière décennie ». Il est écrit par Nick Pinkerton, scénariste et célèbre critique de cinéma.

Un film qui part littéralement dans tous les sens : Lillian, jeune lycéenne de Caroline du Sud, profite d’un voyage scolaire à Washington, DC pour fuguer et découvrir, au hasard de ses rencontres, une série de mondes réels mais hallucinants de cette « douce » côte Est de l’Amérique : des activistes écologiques, des punks peroxydés, un suprématiste romantique, des avant-gardistes woke, des islamistes champêtres, des comédiens illuminés, le tout sur fond de nouvelles de violences diffusées par les média. “Nick et moi voulions gentiment nous moquer de cette Amérique qui n’épuise jamais ses stocks de conneries”, explique le cinéaste.

Et comme Alice au pays des Merveilles, Lillian traverse toutes ces fractures, sans jamais se blesser, avec un sourire désarmant, presque innocent, presque cynique. Est -elle insensible ? Traverse t-elle la vie sans que rien ne l’atteigne ? Cette placidité apparente est-elle sa force ? Difficile à dire tant ce personnage merveilleusement joué par Talia Ryder apparait soit naïf soit indifférent aux autres et à son destin.

Mais hélas, ce voyage dans ces mondes parallèles finit par lasser car le procédé de démonstration est répétitif et mécanique, les personnages rencontrés par Lillian sont caricaturaux et loin d’être subtils, les mises en situation parfois un peu tirées par les cheveux et peu crédibles.

France Soubeyran

(1) Il a reçu le Prix du Jury au Festival du cinéma américain de Deauville 2023