Deux regards - deux opinions
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Coup de coeurTHE TREE

Julie Bertuccelli (France 2010 - adaptation du livre de Judy Pascoe, ed.Autrement)

Charlotte Gainsbourg, Morgana Davies, Marton Csokas

100 min.
25 août 2010
THE TREE

Arbre de vie comme chez Edward Dmytryck, arbre de la connaissance du bien et du mal comme dans la Bible, arbre aux sabots comme chez Olmi, quelle importance ?

Puisqu’il s’agit d’un arbre magique. D’un arbre guérisseur.

Avec une délicatesse déjà remarquée dans son premier métrage (*) en tant que réalisatrice de fiction, Julie Bertuccelli qui est aussi documentariste (**) pose un regard et une caméra sur une situation dramatique - la mort d’un époux et d’un père. Et sur la façon dont chaque membre d’une famille va essayer de se reconstruire après la disparition.

Autant chronique de deuil que récit joliment balancé entre rêve et réalité, « The tree » est à son rythme sensible et gracieux une leçon de courage.

S’inscrivant dans une sorte d’entre-deux temporel, de creux autour d’un souvenir dont on veut garder trace pour éviter l’effondrement de ses racines, une enfant de 7 ans, âge auquel la raison entre en lutte et tend à grignoter la croyance en une pensée émotionnelle toute puissante, décide d’investir un majestueux figuier de l’imago paternel.

Film tranquille qui évite la plupart du temps un encombrant débordement sentimental mais aussi film fébrile parce que gonflé d’une inquiète attente - de quoi sera fait demain ? – à laquelle la cinéaste a l’intelligente intuition de ne pas apporter de réponse définitive.

Film nerveux parce que cet arbre, comme la nature qui l’entoure - celle, magnifique, du bush australien - est d’humeur quinteuse. Tantôt murmurant, tantôt caressant, tantôt encombrant et menaçant.
Lourd des chagrins refoulés et des peines insuffisamment exprimées, il est à la fois un refuge, une protection mais aussi un étouffoir.

Et s’il était temps, pour éviter une cristallisation du passé, qu’un tiers intervienne - et pourquoi pas le sympathique plombier que rencontre la mère lors de sa recherche de travail ?

Dans le rôle de la mère, une Charlotte Gainsbourg plus « air » - référence à son dernier CD - que terre, séduit et agace pour les mêmes raisons d’évanescence trop accommodante, trop souriante.

Dans le rôle essentiel de l’arbre un figuier à la royale frondaison. Il paraît qu’il est sorti vainqueur d’un féroce casting arboricole.

Serait-ce parce qu’il est porteur d’un symbole (***) ? Celui d’une foi en l’avenir. Celui d’’une croyance en une énergie toujours renouvelable. (mca)

 

(*) "Depuis qu’Otar est parti"
(**) "Un monde en fusion"
(***) Tant chez les Chrétiens (Matthieu 21.18-23) que chez les Musulmans ("Le figuier magique - et autres contes algériens " de Micheline Galley paru aux éditions Geuthner)