Chronique dramatique
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Coup de coeurTHE WIND THAT SHAKES THE BARLEY

Ken Loach (GB 2005 - distributeur : Cinéart) Palme d'Or du Festival de Cannes 2006

Cillian Murphy, Padraic Delaney, Liam Cunningham, Orla Fitzgerald

127 min.
6 septembre 2006
THE WIND THAT SHAKES THE BARLEY

De « Kes » à « The Wind… » Ken Loach a gardé la même acuité vis-à-vis du réel.
Cette acuité lui permet d’explorer, sans sentimentalisme et sans mélancolie, les replis d’une classe sociale défavorisée ou le passé hoquetant d’un pays.
Encore une fois avec « The Wind ... », Loach cherche à éveiller la conscience politique de ses spectateurs.

Convaincu qu’un monde meilleur, parce que plus juste, ne se bâtit ni sur des compromis, ni sur des concessions, il nous propose un regard sur une Irlande des années mil neuf cent vingt, déchirée d’abord par une guerre d’indépendance menée contre les Anglais et ensuite par une guerre civile qui fera des combattants solidaires d’hier des ennemis déterminés.

Damien est un jeune docteur qui, contrairement à son frère Teddy, semble peu concerné par la révolte soutenue par les siens contre les Anglais.

Et puis un jour, ce jour comme le chante une de ces célèbres balades irlandaises (dont le titre donne au film le sien) qui vous rongent le cœur d’une ineffaçable tristesse, Damien décide d’entrer dans les rouages faits de déchirements et d’affrontements inhérents à toute guerre.

Il ne sait rien de la violence, de la haine, de la trahison. Il apprendra pourtant à se révolter, à tuer à se fermer à la pitié. Son éducation ne sera pas sentimentale mais brutale. Elle le confrontera aux nécessités cruelles du monde et de la vie.

Outre son écriture simple et claire, la force de Ken Loach est de refuser de sacrifier la lucidité de son regard à l’événementiel anecdotique de son propos.

Ainsi ce n’est pas parce que son récit s’inscrit dans une relation fraternelle dramatique (comme celui de Ford dans « The Informer » l’était dans une relation amicale) qu’il privilégie une compassion empathique à une réflexion sur les causes et le sens des combats entre pays et/ou les communautés qui l’habitent.

L’Europe a connu, entre les deux guerres mondiales du XXème siècle, deux guerres civiles (qui ont été aussi des guerres religieuses) : l’irlandaise et l’espagnole.

Dans les 2 cas, de jeunes hommes y ont perdu leur insouciance, leur innocence (« Fiesta » de Pierre Boutron, et « Land and Freedom » du même Ken Loach). Dans les 2 cas, le cinéma a compris qu’il n’avait pas le pouvoir de changer le monde, mais juste de poser un regard parfois douloureusement interrogateur sur ses déchirures. (m.c.a)

site officile du film : http://www.cineart.be/scripts/fr/Films.Fiche.cfm?id=952