Drame familial et politique
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Coup de coeurTHE YEAR MY PARENTS WENT ON VACATION

Cao Hamburger (Brésil 2007 - distributeur : Cinéart)

Micel Joelsas, Germano Haiut, Daniela Pjepszyk

105 min.
2 avril 2008
THE YEAR MY PARENTS WENT ON VACATION

Quand cesse-t-on d’être un enfant ? A chacun sa réponse. Celle de Cao Hamburger est évidente : c’est lorsque le regard posé sur le monde cesse d’être empreint d‘insouciance.

En 1970 le Brésil est coincé entre une violente dictature militaire et sa passion pour la coupe du monde de football. Entre l’implacable et le futile. 

Pour alléger l’angoisse de vivre sous un régime politique qui peut, à tout moment, envoyer ses opposants en prison pourquoi ne pas vivre avec engouement l’euphorie de la peur de ne pas remporter la troisième coupe du monde ? Et si ce déplacement d’anxiété avait pour but essentiel d’alléger, par un possible consolant, l’insupportable.

Mauro 12 ans. Il rêve de devenir gardien de but. Ses parents le déposent, avant de partir en voyage - en fait de fuir un système oppressant - chez son grand-père paternel. Sans savoir que celui-ci vient de mourir.

Recueilli avec autant de maladresse que de chaleur par la petite communauté juive de Sao Paulo, Mauro va découvrir que le monde n’a rien à voir avec ce qu’il imaginait.

Il va devoir composer avec des sentiments jusque là inconnus. Le questionnement du présent, l’anxiété du futur, la confrontation avec de nouveaux modes de vie et l’adaptation à une culture qui n’est pas celle dans laquelle il a été élevé.

C’est avec une finesse suggestive, aussi efficace qu’élégante, que le réalisateur va s’attacher à
retranscrire les émois et tristesses d’un jeune garçon peu préparé - mais qui l’est et ce à n’importe quel âge ? - aux turbulences de l’Histoire.

Ce n’est pas la première fois que le cinéma sud américain raconte, avec force et sensibilité, comment des enfants sont amenés à se construire dans une société malmenée par la dictature - « Cautiva » de Gaston Biraben pour l’Argentine ou encore « Machuca » d’Andrés Wood pour le Chili - mais il le fait ici avec une conviction portée quasi exclusivement par un jeune acteur.

Dont le talent est de donner à ses silences et à ses questions la même rare et intelligente présence.

Pour son deuxième long métrage, Cao Hamburger trouve le ton juste pour intéresser et attacher par un récit bien balancé entre drame et comédie, entre regard sur les autres et réflexion sur la place que chacun doit prendre, parmi ceux-ci, pour exister.

De la botte du dictateur au soulier d’or de Pelé, l’itinéraire de Mauro est celui d’un préadolescent
ordinaire que des événements sur lesquels il n’a pas de prise vont contraindre à réagir d’une façon prématurément dé-juvénalisée.

Ici pas de « Blé en herbe » mais une perte, durant un été, d’une inconscience qui fut heureuse. (m.c.a)