Ecran témoin
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Coup de coeurTRANSAMERICA

Duncan Tucker (USA 2006 - distributeur : Paradiso Filmed Entertainement)

Felicity Huffman, Kevin Zegers

103 min.
21 juin 2006
TRANSAMERICA

Comment appelle-t-on son père s’il décide de devenir une femme ?
Un pama ? Une mapa ? (contractions possibles des signifiants « papa » et « maman »)

La quête identitaire a longtemps été présentée sous la forme d’une recherche pour savoir qui l’’on est. (Danielle Darrieux dans « La Vérité sur Bébé Donge » d’Henri Decoin, Daniel Auteuil dans « Caché » de Haneke)

Depuis quelque temps, cette quête revêt un aspect sexuel et ce n’est pas la sortie, la même semaine, de C.R.A.Z.Y abordant lui aussi cette douloureuse question, qui en démentira la récurrence.

Bree est à quelques jours de l’opération qu’elle attend depuis des années et qui fera d’elle une femme lorsqu’elle découvre qu’elle a eu jadis un fils.

Sommé(e) par sa thérapeute de lui révéler qui elle (il) est, Bree décide de l’ emmener en voyage.

Commence alors un road-movie, ce moyen de communication cher aux Américains, qui permet autant de rejoindre deux villes que d’établir un contact entre deux individus. (« The Straight Story » de David Lynch, « Thelma et Louise » de Ridley Scott ).

Le périple, commencé dans les silences et les malentendus, sera pour le « père » et le fils l’occasion de se parler, de se réparer et de réparer les blessures qu’ils ont infligées et qu’ils ont reçues.

Avec délicatesse et humour sont abordées des questions qui d’habitude mettent à mal le politically correct made in USA : la prostitution, le suicide, la pédophilie, le rejet familial, la drogue.

Rester crédible est le défi majeur de ce film qui aurait pu très vite glisser dans le mauvais goût,
le mélodrame exacerbé ou le pastiche rigolard.

Défi relevé et gagné grâce surtout au jeu de Felicity Huffman (Mme William H. Macy à la ville) qui arrive à susciter, chez le spectateur, un intérêt plus tonique que compassionnel pour Bree, et à celui du jeune Kevin Zegers dont l’immaturité butée va peu à peu céder le pas à une vision plus responsable de la vie.

Soulignons aussi la douceur tranquille du regard du réalisateur qui, là où un Fassbinder aurait mis le feu aux poudres, ouvre un chemin à l’émotion et à la tolérance. (m.c.a)

(*) « Transamerica » et « C.R.A.Z.Y » de Jean-Marc Vallée.