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TWO-LEGGED HORSE - L’ENFANT-CHEVAL

Samira Makhmalbaf (Iran)

Ziya Mirza Mohamad, Haron Ahad, Gol-Ghotai, Khojeh Nader, Yasin Tavildar...

101 min.
29 juillet 2009
TWO-LEGGED HORSE - L'ENFANT-CHEVAL

L’Afghanistan : une terre déchirée par toutes les guerres, les haines, les lâchetés du monde. Deux millions de morts ces vingt-cinq dernières années .

La jeune réalisatrice Samira Makhmalbaf nous y emmène, encouragée par son père qui a écrit le scénario .

L’enfant-cheval est une histoire amère, désespérée, plus vraie que la réalité. Un cauchemar qui montre comment l’homme devient progressivement un animal, très exactement un cheval, choix symbolique, illustré plusieurs fois, notamment lors de la course majestueuse des cavaliers qu’aurait apprécié Joseph Kessel !

Cinéma sans concession, comme celui de toute la famille Makhmalbaf, cinéma réaliste, minimaliste même, avec une prédilection pour les thèmes de l’enfance et de la vie quotidienne. Un peu comme chez nous, les Frères Dardenne .

Très jeune, Samira a déjà plusieurs films à son actif et nous la retrouvons semblable à elle-même dans cet « Enfant-Cheval », un film très dur qui va au bout d’une relation entre deux personnes.

Dans un bled perdu et sauvage, un père va payer, un dollar par jour, un garçon pour porter sur son dos son fils estropié qui a perdu les 2 jambes en sautant sur une mine. L’enfant choisi, handicapé mental, devient ainsi son cheval corvéable à merci ! Son travail est éprouvant, humiliant, d’autant que le jeune maître est d’une cruauté sans limites.

Mais ce triste duo va comprendre très vite qu’il n’y a pas d’autre solution pour affronter la vie et devient dès lors inséparable. Un cercle vicieux s’établit entre la faiblesse de l’un et la force de l’autre, une relation sado-maso poussée à l’extrême, chacun se sacrifiant pour l’autre, qui les pousse jusqu’au bout de l’amour et de l’amitié .

Le film comporte beaucoup de facettes, de significations multiples : philosophique, sociale, psychologique, sexuelle, politique et bien d’autres. Il démarre très fort. On est immédiatement happé par l’histoire, ce qui est un bien pour un mal, car ensuite - on peut le regretter - il s’essouffle avec des longueurs et des redites.

Les 2 comédiens sont troublants par leur physique et leur personnalité. Ils suscitent la compassion. Un long travail d’entraînement et de répétitions a été nécessaire et le résultat est surprenant. Autre difficulté que la réalisatrice maîtrise, c’est de traiter un thème onirique dans un style réaliste et documentaire. Chacun ira ainsi de sa propre interprétation .

« L’Enfant-Cheval » a connu des déboires pendant son tournage en Afghanistan, une grenade a fait des blessés et même un mort dans son équipe. Mais Samira continue, rien ne l’arrête ! Elle veut continuer à montrer ce monde si dur, les dégâts causés par la guerre à ces enfants, la mentalité des êtres humains et, sait-on jamais, essayer de soulager par ses films les souffrances humaines. Beau défi ! A.Goreux