Agnès Varda
Âgée de 90 ans, Agnès Varda, véritable monument du cinéma français, fut honorée du trophée Kamera lors de la 69ème édition de Berlinale, où elle y présentait hors compétition son dernier documentaire. Composé comme une grande leçon de cinéma, « Varda par Agnès » revient sur une carrière de plus de soixante ans, offrant un bel aperçu de l’œuvre de la cinéaste en utilisant des extraits de son travail pour illustrer, de manière plus associative que chronologique, ses visions et ses idées artistiques.
« Trois mots ont jalonné mon travail, précise-t-elle lors de sa première causerie : l’inspiration, la création, et le partage. Ou en d’autres termes, explique-t-elle, ce qui éveille ma créativité et stimule ma curiosité artistique, la mise en œuvre concrète de l’inspiration – le travail à proprement parler, et la rencontre avec le public. » Une jolie trinité qu’elle se plaît à mettre en lumière à travers de nombreux fragments de films et témoignages, esquissant ainsi une mosaïque cinématographique qui suscite l’irrésistible envie de (re)découvrir l’ensemble de son œuvre.
Divisées en deux parties où l’art et l’intime se mêlent harmonieusement et s’éclairent mutuellement, le documentaire évoque tout d’abord sa période analogique, allant de 1954 à 2000, laquelle dresse le portrait d’une femme dynamique et hyper-créative, ouverte au hasard, attentive aux réalités humaines qui l’entourent, sensible à toutes les disciplines artistiques, et mue par la volonté de réinventer le cinéma et de renouveler sans cesse son style narratif. Dans la seconde partie, Agnès Varda se concentre sur les années 2000 à 2018, une période où d’une part, le numérique fait son intrusion dans son cinéma et modifie son approche du documentaire, et où d’autre part, elle a entamé une nouvelle vie en tant qu’artiste visuelle (la réalisatrice préférant délaisser le terme français de plasticienne).
Tout comme dans « Visages Villages », le charme Varda opère : on est frappé par la grande précision de son verbe ; on est touché par sa singulière poésie ; on est séduit par l’humanité, l’originalité et l’intelligence du personnage.
Christie Huysmans