Conte existentiel
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WHEN PIGS HAVE WINGS ou LE COCHON DE GAZA

Sylvain Estibal (Belgique/France/Allemagne 2011)

Baya Belal, Myriam Tekaïa, Sasson Gabay

99 min.
23 novembre 2011
WHEN PIGS HAVE WINGS ou LE COCHON DE GAZA

En 1986 dans « Ses chroniques de la haine ordinaire », Pierre Desproges nous interpelait ainsi « Connaissez-vous de vraies raisons de rire aujourd’hui ? ».

Sylvain Estibal, à sa façon, apporte sa réponse en organisant un clash entre un dicton et une superstition.

Si en Occident le cochon, dit-on, du groin au jambon tout est bon, au Moyen-Orient que l’on soit juif ou musulman le porc est tabou.

Partant de cet élément fédérateur entre deux communautés ennemies, depuis qu’en 1947 la promesse de l’ONU de prévoir en parallèle à la création de l’Etat hébreu, une Palestine arabe, n’a pas encore été tenue, Sylvain Estibal imagine l’histoire d’un pêcheur de Gaza qui, après une tempête, repêche un porc vraisemblablement tombé d’un cargo et se demande comment s’en débarrasser tout en essayant d’en tirer profit.

A partir de ce fait divers plutôt surprenant, dans lequel on peut aussi voir un signe du destin à saisir pour tenter de faire la paix avec le colon israélien, le réalisateur tisse un ensemble de situations dont le rocambolesque s’assèche trop vite.

Laissant le spectateur en rade d’une fable dont il perçoit certes les intentions louables mais déplore une superficialité qui, hors quelques gags visuels, n’est que rarement amusante.

Si on ne rit pas beaucoup à ce « Cochon de Gaza », on est souvent frappé et secoué autant par le dénuement de ceux qui vivent dans la bande de Gaza que par la précarité des immigrés juifs toujours soumis aux aléas d’un pouvoir qui peut à tout moment décider de les déloger, manu militari au besoin, des terres auxquelles ils tentent de redonner vie.

Bien peu de choses sont réjouissantes dans ce premier film un peu trop étiré d’un photographe uruguayen qui n’arrive pas à trouver le ton - l’humour et la dérision sont-ils des réponses autres que divertissantes (*) aux situations dramatiques - ? pour cerner la misère d’une bande de terre coincée entre les bellicistes du Hamas et l’omniprésence de Tsahal.

Il y a quelques moments de tendresse et de chaleur humaine dans cet ouvrage qui rendent encore plus amères et absurdes les impossibilités de réconciliation entre ces deux peuples d’une Terre pourtant appelée promise.

Mais promise à quoi ? A être une propagande pour Handicap International comme le donne à penser une fin aussi saugrenue que bancale ?

Le récit souvent caricatural est sauvé par un interprète magnifique, Sasson Gabai (, "La visite de la fanfare" d’Eran Kolirin), un mix de Pierre Etaix et de Pierrot Lunaire, qui apporte une réelle émotion à un personnage parfois égaré dans une histoire plus onirique que réelle, plus transparente que profonde.

Une histoire qui aurait gagné à mêler Inch Allach et Arour Hachem avec plus de subtilité. (mca)

(*) avec les risques d’éloigner de la réflexion et/ou de la compassion.