Déception
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X-FILES : REGENERATION

Chris Carter (USA 2008 - distributeur : 20th Century Fox)

Gillian Anderson, David Duchovny, Billy Connolly

100 min.
30 juillet 2008
X-FILES : REGENERATION

Comment envisager un film extrait d’une série télévisée ? Faut-il que ce dernier soit indépendant de sa matrice originelle ou doit-on admettre qu’une filiation est nécessaire entre les deux ?

C’est ce type de question que l’on se pose à la vision de « X-files : Régénération », le deuxième long métrage tiré de la série. Comment regarder ce film ? Comme une suite logique de la série ou comme une réalisation auto-suffisante ?

Parce qu’inévitablement, il y a des éléments que l’on ne comprend pas si l’on n’est pas un minimum familier de la série. D’autre part, il reste évident que des personnes n’ayant jamais vu la série, sont susceptibles d’aller voir cette réalisation. Quel regard porteront-ils alors sur cet objet hybride ? Difficile à dire.

Et pourtant, la question est centrale, car « X-files » n’est pas l’unique série à être portée sur grand écran. Dernièrement, une longue liste de séries télévisuelles s’est retrouvée parachutée au cinéma, avec plus ou moins de bonheur.

La première question à se poser est donc de savoir comment les analyser, les évaluer, si tant est que l’évaluation n’est pas un leurre en soi.

Une remarque évidente est que la réalisation d’une série diffère de la réalisation d’un long métrage cinématographique. Les codes, narratifs comme formels qui les déterminent, sont tout à fait différents d’un médium à l’autre, cela, notamment et peut-être de façon évidente, parce que leurs formats sont radicalement distincts.

En se basant sur ce constat, il devient dès lors possible d’envisager « X-files » selon un point de vue cohérent. En se posant la question de savoir s’il réussit le pari de devenir un vrai film, une production cinématographique à part entière, sur un plan tant narratif que stylistique.

La réponse à cette question est de toute évidence négative. Si les fans d’ « Aux frontières du réel » se réjouiront d’apprendre que c’est Chris Carter, le créateur de la série, qui écrit et réalise ce nouvel opus, ils seront sans doute néanmoins déçus à la vision du film.

Car il ne tient pas le pari du long métrage.

Malgré qu’il compose une relation intéressante entre les deux héros, qu’il crée une intrigue alambiquée à souhait proche de celles rencontrées sur le petit écran, qu’il conçoive une atmosphère étrange, malgré tous ces attraits narratifs, « X-files – Régénération » ne fonctionne pas parce qu’il reproduit pendant une heure trente une mise en scène de télévision.

Son problème central est qu’il ne fonctionne que par le dialogue. Si le discours est un élément pivot de la série tv, il n’en va pas de même au cinéma, où l’on s’attend à être confronté à un minimum d’actions effectives.

Or, le film s’organise fondamentalement autour d’une suite de conversations souvent trop longues, s’acheminant ainsi dans une sorte de langueur tiédasse. On a l’impression d’être inlassablement confronté au même dialogue entre Scully et Mulder, revenant de façon lancinante du début à la fin.

« X-files » ne suscite du coup aucun effet de surprise, aucun suspense, aucune émotion. On s’ennuie. 

Et l’on regrette l’époque où l’on regardait les épisodes de la série à la télévision, les yeux cachés derrière les mains, secoués de spasmes tétanisés à chaque son inconnu, à chaque image un peu trop sombre. (Justine Gustin)