Hier soir avait lieu la 8ème édition des Magritte du Cinéma au Square à Bruxelles. Alors que « Noces » et « Chez nous » figuraient parmi les favoris, c’est finalement « Insyriated » de Philippe Van Leeuw qui a triomphé avec six récompenses ! Une véritable consécration pour ce huis-clos engagé qui raconte le quotidien d’une famille syrienne piégée par la guerre. Le réalisateur n’a pas manqué de revenir sur la question des réfugiés, et il n’était pas le seul. Au cours de la cérémonie, il a également été question de la place des femmes dans l’industrie du cinéma.
Avant d’aborder le palmarès, revenons d’abord sur la soirée retransmise pour la première fois en direct sur la Deux. Le maître de cérémonie, Fabrizio Rongione, qui avait déjà officié en 2013 et 2014, a ouvert la cérémonie avec une introduction digne des plus grands. Dès le départ, il a donné le ton avec un discours acerbe et il y en avait pour tout le monde. Il n’a pas manqué d’évoquer le changement de partenariat, de BeTv, « la chaîne que tout le monde connaît, mais que personne ne regarde », nous sommes passés à la Deux, « la chaîne du grand Cactus, c’est dire le chemin parcouru. » Ensuite, il a fait une comparaison entre le foot et le cinéma belge en disant que « les deux durent une heure trente, mais dans un stade de foot, il y a des spectateurs » pour ensuite enchaîner sur les capsules Cinevox, « pourtant, on fait tout pour donner envie aux gens de voir nos films … même des capsules Cinevox ! ». Il n’a pas manqué de faire une réflexion sur la parité homme-femme dans les nominations en concluant sur un « mais rassurez-vous mesdames, vous avez encore le Magritte de la meilleure actrice, celui-là vous êtes sûres de le garder. Enfin, sauf si Deneuve décide d’écrire une tribune sur le sujet ».
Ce fut ensuite le tour de Natacha Régnier, la présidente de cette huitième édition, de se lancer dans un discours plus tempéré. Elle a essayé tant bien que mal de faire un peu d’humour en prenant l’accent belge, mais ça n’a pas vraiment fonctionner. Pour conclure, elle a brandi son Time’Up et a déclaré officiellement l’ouverture de la huitième cérémonie des Magritte.
Tout au long de la soirée, les politiciens en ont pris pour leur grade. Ainsi, Fabrizio Rongione en a profité pour questionner Didier Reynders, présent dans la salle, sur le rapprochement de son parti, le MR, avec la N-VA. Il a ensuite fait un parallèle avec « Star Wars » en comparant le ministre à Dark Vador et en lui disant qu’il avait rejoint le côté obscur de la force. D’autres ont ensuite pris la relève comme Alex Vizorek qui a remis le Magritte du meilleur scénario en déclarant que c’est « toujours chouette quand la gauche organise une soirée de droite. On aime les Magritte car chaque fois, c’est un Belge qui gagne. Ou un Flamand. ».
Lors de la remise des prix, « Insyriated » de Philippe Van Leeuw a créé la surprise en remportant un prix pour chaque catégorie où il avait été nominé (meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleure image, meilleur son et meilleure musique). Il a donc triomphé avec pas moins de six prix ! Lors de son discours, le réalisateur n’a pas manqué de souligner l’importance de réfléchir à comment accueillir les migrants, et non pas l’inverse. Quant à « Noces » de Stephan Streker, grand favori des nominations, il n’est reparti qu’avec deux prix (meilleure actrice dans un second rôle et meilleurs costumes). Le Magritte du meilleur film flamand a été décerné à « Home » de Fien Troch. « Grave » a remporté le prix du meilleur film étranger en coproduction. Le Magritte du meilleur acteur a été donné à Peter Van Den Begin pour son interprétation dans « King of The Belgians ».
On s’étonnera toutefois de certains choix … comme le fait d’avoir décerné le prix du meilleur premier film à « Faut pas lui dire » de Solange Cicurel, qui versait complètement dans le cliché. Il y avait également pas mal d’absents comme Émilie Dequenne (meilleure actrice pour « Chez nous »), Soufiane Chilah (meilleur espoir masculin pour « Dode Hoek »), Aurora Marion (meilleur actrice dans un second rôle pour « Noces ») et enfin Jean-Benoît Ugeux (meilleur acteur dans un second rôle pour « Le Fidèle »).
Cette année, le Magritte d’honneur a été décerné à Sandrine Bonnaire qui a été très touchée par ce prix. Il lui a été remis par Hugues Dayez qui a retracé longuement sa carrière. Lors de son discours, Sandrine Bonnaire en a profité pour remercier les gens qui l’avaient construite comme ses parents, Maurice Pialat ou encore Agnès Varda.
De cette huitième édition, on retiendra surtout la grande surprise créée par « Insyriated » et la déception pour « Noces », mais aussi les discours tantôt graves, tantôt humoristiques sur l’actualité avec un focus sur la question des réfugiés et des femmes.
Retrouvez ici le palmarès complet des Magritte du cinéma 2018.
(Nathalie De Man)