Communiqué de presse, 6 octobre 2025
Les 18 et 19 octobre, le cinéma Nova rend hommage au cinéaste frondeur Yves Boisset, décédé en mars, à travers cinq de ses films majeurs.
Pour certains, Yves Boisset (1939-2025) était le cinéaste le plus censuré de France, ou du moins de la Cinquième république. Pour d’autres, c’était un arriviste qui déjeunait avec le ministre de l’Intérieur pour faire interdire ses propres films. Où se trouve la vérité ? C’est une question que le réalisateur français s’est beaucoup posée au cours d’une carrière qui a traversé plusieurs décennies.
Disparu en mars, Yves Boisset nous laisse une filmographie riche d’une cinquantaine de longs métrages, pour la télé et le cinéma, qui l’ont vu diriger pêle-mêle Michel Bouquet, Jean Yanne, Sterling Hayden, Patrick Dewaere, Jean-Louis Trintignant, Gian Maria Volonté, Roy Scheider, Lee Marvin ou encore Miou-Miou. Auteur d’oeuvres éminemment politiques, son cinéma n’avait pourtant rien d’une thèse. Durant son âge d’or, dans les années 1970, il est parvenu à allier succès populaires, engagement et exigence.
De la guerre d’Algérie au racisme ordinaire, en passant par les médias et la police, le cinéaste est à l’écoute des préoccupations de son temps. Cette conscience politique fait partie de son ADN, elle donne à son cinéma une identité forte et actuelle. Pourtant, il n’obtiendra pas toujours la reconnaissance de ses pairs et/ou de la critique. En cause, une réputation de franc-tireur qui lui vaudra quelques inimitiés.
Passionné de films de genre américains et de série B italienne, il est l’enfant terrible du classicisme et de la Nouvelle vague, le chaînon manquant entre Henri Verneuil et Costa-Gavras. Assistant de Norman Jewison, Claude Sautet, Jean-Pierre Melville, René Clément ou encore Ricardo Freda, on raconte même qu’il aurait été engagé par Kubrick pour trouver la lune qui permettrait à l’humanité de faire un grand pas. Ce sera plutôt un pas de côté pour lui.
En hommage au cinéaste, le Nova propose un cycle qui se concentre sur la première partie de son oeuvre, en diffusant quelques-uns de ses films les plus emblématiques, qui témoignent de son caractère frondeur et de son amour enragé du cinéma : "Un Condé" (1970), "L’Attentat" (1972), "R.A.S." (1973), "Dupont Lajoie" (1975) et "Le juge Fayard dit ’le shériff’".
Chaque séance sera présentée et suivie d’une discussion avec Frank Lafond, Docteur en études cinématographiques et essayiste, co-auteur avec Roberto Curti de "French Thrillers of the 1970s : Volume I - Crime Films", qui comprend des textes sur les films d’Yves Boisset.
"Avec son décès le 31 mars à 86 ans, au-delà du réalisateur, c’est une manière qui s’efface : celle du cinéaste en opposition, capable de « créer contre », de se construire sur ce qu’il refuse. On a aujourd’hui et aura encore longtemps en France des dizaines de cinéastes plus fins et virtuoses qu’Yves Boisset. Mais combien ont encore son courage ? Et pour combien de temps ?" (Lelo Jimmy Batista, dans Libération, le 31 mars 2025)
AU PROGRAMME
Le SAMEDI 18 OCTOBRE à 18:00 : "Un condé " (Yves Boisset, 1970, FR, DCP, VO FR ST ANG, 98’)
Alors qu’il enquête sur une affaire de trafic de drogues, un policier se fait tuer. L’inspecteur Favenin, joué par Michel Bouquet, cherche à le venger en ne reculant devant aucune méthode.
Le SAMEDI 18 OCTOBRE à 21:00 : L’Attentat (Yves Boisset, 1972, FR, DCP, VO FR ST ANG, 120’)
"L’Attentat" plonge dans les sombres intrigues de la guerre froide à travers l’assassinat d’un opposant politique exilé, inspiré par l’affaire Ben Barka.
Le DIMANCHE 19 OCTOBRE à 15:00 : R.A.S (Yves Boisset, 1973, FR, DCP, VO FR ST ANG, 110’)
"R.A.S.", film culte d’Yves Boisset, plonge dans l’absurdité et la violence de la guerre d’Algérie à travers le regard des soldats français. Adapté du livre de Roland Perrot (qui, pour la petite histoire, sera plus tard le fondateur de la coopérative Longo Maï), le film dépeint l’endoctrinement, la peur et la désillusion d’une jeunesse sacrifiée.
Le DIMANCHE 19 OCTOBRE à 18:00 : Dupont Lajoie (Yves Boisset, 1975, FR, DCP, VO FR ST ANG, 100’)
Un cafetier parisien passe chaque année, avec femme et fils, ses vacances dans un camping du sud où il retrouve les mêmes comparses. Non loin de là, un chantier emploie et loge des ouvriers maghrébins mal payés. Lorsque qu’un crime immonde est commis, ces ouvriers pourtant innocents sont très vite pointés du doigt par les campeurs chauffés à blanc.
Le DIMANCHE 19 OCTOBRE à 21:00 : Le Juge Fayard dit "Le Shériff" (Yves Boisset, 1977, FR, 35MM, VO FR ST ANG, 112’)
Patrick Dewaere incarne le personnage de Jean-Marie Fayard, jeune juge d’instruction intègre et fougueux. À partir d’une affaire de hold-up en apparence banale, Fayard se lance dans une investigation qui s’avère de plus en plus tortueuse, et le mène d’assassins en policiers corrompus, de promoteurs immobiliers en politiciens véreux, en passant par des nostalgiques de l’Algérie française…
Plus d’informations sur le site du Cinéma Nova :
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