32ème EDITION DU FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM FRANCOPHONE DE NAMUR

Du 29 septembre au 6 octobre dernier, se tenait la 32ème édition du FIFF. CinéFemme y était présente et a eu l’occasion de découvrir quelques films sélectionnés dans les différentes sections et compétitions.

Regards du Présent

Lumière ! L’aventure commence de Thierry Frémaux

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Petit bijou cinématographique, qualifié par Martin Scorsese de « trésor mondial », cette composition lumineuse et didactique rassemble 108 films de 50 secondes restaurés, réalisés par les Frères Lumière. Contée par Thierry Frémaux, Directeur de L’Institut Lumière et Délégué Général du Festival de Cannes, cette grande histoire des débuts du cinéma mérite absolument d’être découverte par tous les publics, des plus jeunes enfants aux cinéphiles avertis en passant par les étudiants en cinéma. La mise en perspective éclairante et admirative que nous livre Thierry Frémaux en formidable conteur est un pur ravissement ! À ne rater sous aucun prétexte à partir du 25 octobre prochain !

Regards du Présent (Documentaires)

Celui qui sait saura qui je suis de Sarah Moon Howe

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Qui était vraiment Andreii Fedosov ? Quelle est l’intime relation existentielle qui se noue entre celui qui se tient derrière la caméra et celui qui filme ? Qui manipule qui ? Que nous révèle l’image, et surtout, que nous cache-t-elle ?

Pour en savoir plus sur ce documentaire aussi original qu’intéressant, lisez notre chronique complète sur le sujet et écoutez notre interview de sa réalisatrice, Sarah Moon Howe.

(A voir au cinéma Aventure à partir du 18 octobre)

Rien n’est pardonné de Vincent Coen et Guillaume Vandenberghe

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« Rien n’est pardonné » retrace le parcours exemplaire de la journaliste franco-marocaine, Zineb El Rhazoui, connue pour avoir collaboré au journal satirique « Charlie Hebdo ». Téméraire, celle-ci s’efforce de battre en brèche une idéologie qui, enchaînant les libertés individuelles derrière les barreaux de l’intolérance, se manifeste par une violence terrifiante. Nourrie d’un vécu intime éclairant, lestée de bagages universitaires qui donnent toute légitimité à son discours, cette femme audacieuse persiste sur la voie de la liberté en dépit des menaces qui pèsent sur sa vie. Si son nom de plume, Zineb, est associé aux colonnes de Charlie Hebdo, les réalisateurs ont toutefois eu l’intelligence de placer leurs caméras en-deçà et au-delà de l’attentat meurtrier dont le journal fut la cible le 7 janvier 2015. En se tenant à bonne distance de leur protagoniste, ils nous livrent ainsi le portrait et le cheminement d’une femme pleine de dignité qui, riche de la connaissance et armée du pouvoir des mots, ose l’exercice de la pensée et défie la réflexion en lui donnant une résonance universelle.

(Ce documentaire s’est vu décerner le Grand Prix de la Compétition Belge dans le cadre du Festival Millenium en avril dernier).

Compétition Officielle

Ana, Mon Amour de Calin Peter Netzer

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Quatre ans après Child’s Pose (« Mère et Fils ») qui avait obtenu l’Ours d’Or du Festival de Berlin, le réalisateur roumain, Calin Peter Netzer, nous revient avec une histoire d’amour complexe où la dépendance et la toxicité de celle-ci sont au cœur du sujet. Inspirée du roman de Cezar Paul Badescu, « Luminita, mon amour », livre dans lequel son auteur s’attache à établir une radioscopie sociale de la dépression (ses facteurs exogènes et son traitement dans la société contemporaine), l’histoire se déroule sur dix ans en suivant une narration éclatée qui fait fi de toute chronologie… (Lire notre chronique complète sur ce film)

Tuktuq de Robin Aubert

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Tuktuq (prononcé touktouk et qui veut dire Caribou en Inuktitut) est le deuxième volet d’une série de 5 films tournés dans les 5 continents du monde. « A quelle heure le train pour nulle part » constituait le premier volet et présentait l’Asie.

Fiction documentaire contemplative dotée d’une très belle photographie, Tuktuq met en abyme avec un cynisme très kafkaïen les aberrations politiques mises en œuvre par le gouvernement canadien pour « investir » le Grand Nord.

Volubilis de Faouzi Bensaidi

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Faouzi Bensaidi reprend à son compte dans un Maroc contemporain la thèse marxiste de la lutte des classes avec un simplisme kitsch qui, par son manichéisme réducteur, dessert son sujet plus qu’il ne le porte.

Chien de Samuel Benchetrit

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Avec cette allégorie canine, tirée de son roman éponyme, Samuel Benchetrit prend au pied de la lettre l’expression « mener une vie de chien » et la met en scène à travers l’histoire d’un homme qui a tout perdu et se soumet avec une servitude inouïe au diktat d’une société déshumanisée et aliénante. Un rôle au poil pour Vincent Macaigne qui, avec ses yeux de chien battu, est susceptible de susciter l’empathie de 30 millions d’amis mais qui, à la longue, devient exaspérant au point de nous faire éprouver plus d’empathie pour son bourreau, incarné par un Bouli Lanners plutôt convaincant.

Si les premières minutes peuvent porter à sourire grâce à un humour absurde et surréaliste, « Chien » manque, au final, autant de mordant que de chien.

Remarquons toutefois que le Jury a discerné dans « Chien » des qualités cinématographiques qui nous ont vraisemblablement tout à fait échappé, puisqu’il a été récompensé par trois prix : le Bayard d’Or du Meilleur film, le Bayard du Meilleur scénario et le Bayard du Meilleur comédien.

Laissez bronzer les cadavres d’Hélène Cattet et Bruno Forzani

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Laissons-les, oui, laissons-les bronzer ces cadavres, et évitons de leur passer de la pommade !

Compétition 1ère œuvre de fiction

Petit Paysan de Hubert Charuel

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Présenté à la Semaine de la Critique au dernier Festival de Cannes, trois fois primé au Festival d’Angoulême, le premier long métrage de Hubert Charuel est vachement bien réussi, et le Jury Junior du FIFF n’a pas manqué de discernement en lui attribuant son prix.

Drame rural et humain abordant un sujet peu exploité au cinéma, « Petit Paysan » met en scène un jeune agriculteur, admirablement incarné par Swann Arlaud, qui confronté à une épidémie, met tout en œuvre pour sauver son cheptel. Le film prend très habilement la tournure d’un thriller psychologique suscitant d’emblée une profonde empathie à l’égard de son protagoniste. Réaliste sans être naturaliste, onirique et tragique, touchant et drôle, « Petit Paysan » mérite incontestablement un Label « A voir ! » Il ne serait d’ailleurs guère étonnant qu’il se retrouve dans les petits papiers des prochains Césars. (Au cinéma dès le 18/10/2017)

Une part d’ombre de Samuel Tilman

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David (Fabrizio Rongione) est un jeune père de famille comblé : une femme qu’il aime, deux jeunes enfants adorables, une bande de potes soudée avec laquelle ils partent en vacances en tribu. Mais au retour de leur dernier séjour dans les Vosges, David est interrogé par la police dans le cadre d’un meurtre. Rapidement, l’enquête établit que David, sous des dehors irréprochables, n’avait pas une vie aussi lisse que ce qu’il prétendait.

Avec ses premiers plans panoramiques d’un cadre naturel nimbé de brume, Samuel Tilman parvient à créer une belle atmosphère, qui n’est pas sans ressembler à celle de la série belge « La Trêve », mais l’on peut par contre regretter que celle-ci se délite au fur et à mesure de la progression de l’intrigue. La tension dramatique s’installe progressivement et de manière très convaincante, happant ainsi l’intérêt du spectateur. Fabrizio Rongione livre également une très belle prestation, aussi habile que juste. La réussite n’est néanmoins pas totale en ce sens que la dynamique narrative et dramatique manque de vigueur et resserre trop son étau autour de son personnage principal. Un rythme plus « frissonnant » et un développement plus magistral des tensions qui éclatent entre les différents clans, auraient indubitablement donné davantage de carrure à ce premier long-métrage.

Focus Cinéma Belge Flamand

Het tweede gelaat (Double Face) de Jan Verheyen

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De la part de Jan Verheyen (« Het Vonnis ») et de son scénariste Carl Joos (« The Broken Circle Breakdown »), on aurait espéré beaucoup mieux. Vraiment beaucoup mieux ! Car, nul besoin d’être docteur en psychiatrie ni « profiler scénaristique » pour identifier en moins de 30 minutes le vilain serial killer qui prend plaisir à décapiter ses victimes. « Het tweede gelaat » abonde dans les clichés et les scènes inutiles, et tâche laborieusement de faire illusion en se réfugiant derrière des moyens de production conséquents. Un « Double Face » qui ne nous a guère scotchés !

Cargo de Gilles Coulier

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Drame familial d’une fratrie à la dérive, chronique sociale d’un métier qui navigue désormais en eaux troubles, histoire humaine d’un père qui tente, contre vents et marées, d’assurer un meilleur avenir à son fils, Cargo condense en 91 minutes un propos aussi dense que sombre. Servi par un trio d’acteurs qui habitent leur personnage avec profondeur et authenticité, le premier long-métrage de Gilles Collier nous immerge dans le milieu des marins pêcheurs. Film masculin, sans concession, aux antipodes de La Croisière s’amuse, Cargo fait étrangement écho à l’âpreté islandaise qui se dégage de l’univers de Jón Kalman Stefánsson, la poésie et la philosophie en moins.

L’ensemble du Palmarès se trouve sur le site du Fiff (www.fiff.be/palmares-fiff-2017)

Christie Huysmans