Chazz Palminteri, Robert Downey Jr, Dianne Wiest, Shia Labeouf
Il y a des coups d’essai qui sont des coups réussis. Au fait, quel est le nom du Saint qui permet de transformer, en succès, la réalisation d’un premier film et de lui faire obtenir, au Festival de Sundance, le prix spécial du jury et le prix de la mise en scène ?
Saint Sting, dans le cas présent, puisque après avoir été acteur dans « Dune » de David Lynch, compositeur de musique dans « The living sea » de Greg MacGillivray, il a pris le risque de devenir le producteur de « A guide… »
Une façon de rendre hommage à une époque, celle des années 1980 qui déchiraient la scène new-yorkaise des sons hargneux du punk hardcore et sur laquelle Montiel s’est distingué avec son éphémère groupe « Gutterboy ».
Doublement autofictionnel puisqu’il est à la fois un livre et un film biographiques issus du même « Je » - celui de Montiel - , « A guide… », par son ton atypique, est la vertigineuse exploration d’une adolescence vécue dans un quartier crasseux de New York avec une bande de potes dont la violence (auto)destructrice les conduira à la morgue, en prison ou à l’héroïne dont les ravages sont évoqués par Lou Reed avec un froid lyrisme "be the death of me".
Film américain et urbain, « A guide… » rappelle combien il est malaisé de se hasarder au-delà de son périmètre natal que celui-ci soit la « Little Italy des « Mean streets » du jeune Scorsese, le Brooklyn dangereux (*) de Spike Lee dans « Do the right thing », ou le Los Angeles sordide de « Boyz in the hood » de John Singleton.
Cloué à son milieu social, comme l’est un papillon sur sa planche de classification, le jeune Dito ne devra, qu’à son talent d’écrivain, la grâce de sortir de la rugosité étouffante d’un milieu aussi dangereux qu’affectueux. Comme pour Rob Brown dans « Finding Forrester » de Gus Van Sant, l’écriture sera une de ses planches de salut. Lui permettant de faire de sa vie la matière première de son œuvre en devenir.
Fléché de toutes parts par le doute, l’hésitation, l’impression d’être mal-aimé par un père dominateur et démissionnaire, Dito ne trouvera la paix que loin de chez lui. C’est de Los Angeles, qu’il entreprendra un retour sur son passé pour tenter de se réconcilier avec une famille dont, à son cœur défendant, il se découvre plus proche qu’il ne l’imaginait.
Montiel suprend par l’agilité d’une mise en scène qui allie souplesse et dureté, émotion et intransigeance. Filmé sans concession, avec un sens magique de l’hérésie, « A guide … » bénéficie d’un casting sans faille qui lui donne sa grandeur et son humanité faite de chagrin et de colère.
Quand on est écartelé entre regrets et remords, il reste peu de place pour l’équilibre. Ce que rend, avec une impression d’innéité, une caméra parfois instable. Ourlant le film d’une mélancolie sourde. Que les Stamboliotes appellent l’ « hüzun », les Portugais « saudade » et les Anglo-saxons « saddness » (m.c.a)
(*) à ne pas confondre avec le quartier excentrique observé avec une affectueuse attention par Paul Auster dans « Smoke » ou « Blue in the face ».