Rooney Mara, Casey Affleck, Ben Foster, Keith Carradine,...
Avec son quatrième long-métrage, David Lowery remporte le prix de la photographie au Sundance Festival et ce, à juste titre. L’esthétique travaillée du film n’est pas sans rappeler celle des plus beaux films de Terrence Malick. Le réalisateur va même jusqu’à créer de véritables effets de synesthésie, le spectateur étant plongé dans le film et pouvant presque ressentir le vent qui agite les épis de blé et s’imaginer ces derniers frôler ses jambes.
Bob (Casey Affleck) et Ruth (Rooney Mara) s’aiment d’un amour fou et passionnel qui dépasse toutes les lois. Attisant cette passion notamment par le danger rencontré lors des braquages, ils se retrouvent un jour coincés au cœur d’une fusillade durant laquelle Ruth blesse un policier, Will (Ben Foster). Ruth étant enceinte, Bob se rend afin que sa bien aimée puisse échapper à la prison et s’occuper de leur fille à naître. Ruth lui promet de l’attendre durant les vingt-cinq années qu’il doit purger. Mais, lorsqu’au bout de quatre ans, Bob parvient à s’échapper, Ruth devra faire un choix, entre la vie de cavale qu’elle menait et la vie plus stable qu’elle aimerait offrir à sa fille…
Révélé en 1997 avec Good Will Hunting (Gus Van Sant), Casey Affleck s’est fait connaître par ses interprétations dans Ocean’s Eleven, Ocean’s Twelve et Ocean’s Thirteen (tous trois réalisés par Steven Soderbergh) et a ensuite été nominé à maintes reprises pour son interprétation de Robert Ford dans The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford (Andrew Dominik, 2007). Casey Affleck, rappelant par son rôle celui de Robert Redford, se montre ici encore une fois brillant, tout comme Rooney Mara, à qui il donne la réplique. Celle-ci s’est fait remarquer récemment dans des films tels que The Social Network (David Fincher, 2010), Side Effects (Steven Soderbergh, 2013) mais surtout The Girl with the Dragon Tatoo (David Fincher, 2011), pour lequel elle fut nominée aux Oscars et aux Golden Globe. Dans le rôle de Ruth elle se montre épatante, interprétant à merveille le déchirement qui l’habite, déchirement entre un passé toujours présent et un avenir encore à faire. Avec ce film, inspiré de films comme McCabe & Mrs. Miller (Robert Altman, 1971) et There Will Be Blood (Paul Thomas Anderson, 2007), David Lowery nous offre un film poétique, rappelant la mythologie westernienne et celle du sud sauvage.
Le titre Ain’t Them Bodies Saints , pour le moins interpellant, est inspiré (de manière erronée !) des paroles d’une vieille chanson de folk. David Lowery avait pour intention que son film marque le spectateur, l’envoute, et reste ancré dans sa tête comme une chanson… Et il y parvient, avec brio !
( Astrid De Munter )